Mythe du Père Noël version 2012 Michel André Vallée
Noël est l’un des derniers mythes vivants. La seule fête que chacun attend, les enfants de tous âges non de 7 à 77 ans mais du début de la conscience individuée à ce que l’on appelle la mort ….
Omniprésence du Père Noël, bon vieillard débonnaire dont la hotte déborde de cadeaux, son grand et beau manteau à capuche rouge en fourrure d’ours bordé d’hermine blanche, ses bottes, son traiineau tiré par des rennes. En réalité l’histoire de la période de Noël et du personnage du Père Noël remonte loin dans les millénaires, mais avec des réalités très différentes.
« Partir à la découverte du Père Noël c’est aller à la rencontre de l’un des plus beaux mythes de l’humanité : le mythe de l’Amour, de la Vie, du Feu et de la Joie, le mythe de l’Âge d’Or, le mythe de l’Éternel Retour! »
Aussi cet article d’analyse et d’histoire constitue t’il tout autant une tentative d’objectivation historique s’inspirant abondamment de plusieurs auteurs de renom, cités en bibliographie, qu’un support d’initiation, … . En dernière partie de ce texte figurent les deux scénarios historiques du Père Noël.
Noël cumule les paradoxes. Le Père Noël est apparemment un vieillard, mais avec une belle santé éternelle. Le solstice d’hiver est le moment des fêtes paradoxales, du renversement des normes. Les enfants sont rois au moment où les maîtres deviennent esclaves, où l’on insulte les dieux en même temps qu’on les révère. On transgresse les règles et les gestes du sacré, mais pas le fond, dans des malversations et clowneries souvent étonnantes, qui n’ont rien à envier aux mises en scène déjetées de la fin de notre ère. Dans tous les évènements liés à Noël le rêve est intimement mêlé à la réalité ; on habille la réalité pour l’ajuster autant que possible au rêve. C’est une période entre lumière et ténèbres.
La lumière renaîtra-t-elle ? Pourrons-nous, « nous autres », continuer à êtres humains dans l’état sérieusement dégradé où nous sommes, ou allons-nous mourir dans l’immensité de la nuit et du froid, vers quel inconnu ?
Autre paradoxe, le Père Noël est devenu débonnaire et rassurant. Mais dans le passé, son personnage et ses ancêtres chamans ont connu des aspects plus sombres que la bienveillance d’aujourd’hui, aspects sombres assumés par lui-même directement ou par son ou ses accompagnateurs (par exemple en France avec le Père fouettard).
Il est vrai que dans sa démesure et sa soif de confort moyen et conformiste, l’homme n’accepte plus l’état de complétude de sa nature, telle qu’elle est. Il faut être en bonne santé, beau, mince et bronzé, paraître suffisamment riche « comme tous », honnête et sans idées perverses, etc … vivre l’apparence de nier tout ce qui « dénote », dans une société civile matérialiste et assistée sans idéal ni engagement.
Et l’on s’étonne des monstruosités dont sont capables des jeunes de plus en plus jeunes qui n’ont plus de repères, et donc expriment directement ce qui constitue une partie de notre nature, dite « noire ».
Ceux-là nous hurlent comme le « monstre » supplicié à la roue du Moyen Âge « j’ai fais ce que vous n’avez pas osé faire ! ».
Encore un paradoxe : adulé comme un dieu à l’obédience croissante notamment depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le Père Noël est autant le héros de la laïcité que le chantre de la religiosité, mais dans les deux cas il est en soi l’objet d’un culte. Les adultes se représentent mentalement ne plus croire au Père Noël, mais entretiennent, quoique de moins en moins, le mythe pour les enfants et aufond, inconsciemment et métaphoriquement , y croient, de plus en plus, plus qu’eux.. qui s’en moquent de plus en plus.
Comme l’explique Marie-Christine Mottet (dans cet article, les extraits directs de son remarquable ouvrage sur Noël sorti en 1996 sont signalés par (MCM)), analyste d’orientation jungienne, la vérité sur le Père Noël est une connaissance implicite qui n’a pas besoin de se dire en dehors du moment où nous la découvrons ; elle fait partie des lois non écrites, des savoirs évidents dont il n’est nul besoin de faire état. Tel l’inceste, cette loi fondamentale de l’humanité dont Lacan constate qu’elle n’est écrite nulle part, ou telle l’exogamie dont Freud constate l’absence du code totémique, la vérité sur le Père Noël ne s’affiche pas. Elle est. Seuls les initiés, ceux dont le cheminement leur a permis de franchir le seuil, savent .
Attention, très récemment dans notre histoire collective les choses semblent se renverser. Les contes de fées disparaissent de l’imaginaire, et le nombre d’adultes qui y croient est croissant alors que les enfants se donnent plus tôt d’autres héros, d’apparence plus dure et qu’ils considèrent comme « réaliste » ! Des dirigeants de ressources humaines de grandes entreprises se sont rassemblés dans les années 1990 – 2000 pour rechercher comment intégrer les jeunes qui entrent sur le marché du travail, car ils ne marchent plus à aucun des « trucs » de motivation où leurs aînés, nous, « nous sommes faits rouler dans la farine ».
Ces jeunes se comportent individuellement comme des adultes apparemment aguerris qui contractualisent avec la hiérarchie en se considérant à égalité, jusqu’à ce que l’arme infâme du chômage les cassent et mettent en dépendance eux aussi, comme tous!
Là aussi (mais ce « aussi » n’a plus à être dans la Mutation de tout en cours) quelque chose de profond est en train de tourner.
Est-il temps que nous retrouvions tous le sens du Père Noël, et au-delà, de créer, en en actualisant le sens, les nouvelles conditions de l’imaginaire et du sacré ? (MCM)
Nous sommes bien sur le point de passer collectivement une étape de conscientisation.
En consultation psychopédagogique, le Père Noël n’est pas attaqué par l’enfant, et même si celui-ci est devenu « incrédule » il peut être utilisé comme sujet de transfert … donc il existe bel et bien. (MCM)
D’ailleurs le bonhomme de neige, lui, est créé par les enfants, presque tous les enfants, sauf ceux qui sont trop tristes … ou « adultes » trop tôt, ou encore ceux qui n’ont pas assez à manger pour se permettre le luxe de, de quoi … ainsi de ceux pris en appui par les équipes de Mère Teresa.
Donc, et ce tant qu’il y aura de la neige ( ce qui se fait de plus en plus rare sous nos latitudes avec le réchauffement climatique. Mais non ce n’est qu’un phénomène naturel : « circulez il n’y a rien à voir, disait le Grand Coluche), le bonhomme de neige existera avant l’enfant et après l’enfant, à la fois éphémère et « éternel ». Le Père Noël et le bonhomme de neige constituent chacun une personnification de ce qui est prétendu ne pas exister, de plus en plus tôt avant que les fontanelles ne soient définitivement soudées. (MCM)
Mais maintenant que nous avons retrouvé une partie du sens de la « réalité » des rêves ; … et que dans les organisations le non-dit est de plus en plus considéré comme donnée susceptible de devenir quantifiable, … le paradoxe s’estompe ou se renverse effectivement car pour tous les enfants, petits et grands, le Père noël en n’existant pas existe ! (MCM)
Continuons à comprendre le mythe de Noël. En fait ce mythe est lié au rêve d’une joie pérenne, et il s’agit de se laisser rêver plus que de croire ou non. C’est le mythe d’une lignée antédiluvienne de dieux-hommes chamans. Et le message porté depuis devient une nécessité absolue à notre époque charnière, de Mutation, qui voit l’écrasante majorité des femmes et des hommes se couper de façon suicidaire de la Nature, et traiter les individus et groupes devenant minoritaires qui ne s’oublient pas dans ce maëlstrom comme des curiosités proches des parqués du “ Meilleur des Mondes ” d’Aldous Huxley. Il est utile de savoir qu’Aldous Huxley a écrit 27 ans après « Retour au meilleur des mondes », essai à lire aussi bien que le roman.
N’oublions pas que déjà selon Esculape le rêve est le véhicule du traitement (il n’a pas attendu Freud). Cela est vrai, surtout en matière symbolique, même si les rêves sont en l’occurrence plus souvent des rêves éveillés (apparentés aux états de transe) que des rêves de sommeil.
Ne négligeons pas non plus que le rêve du retour à l’Âge d’Or peut être, selon Winnicott, l’âge non mythique et bien réel où, la mère s’adaptant aux besoins de l’enfant, le désir est immédiatement suivi de la satisfaction. Mais c’est alors un âge d’or pour l’enfant, court, et pas pour les autres. Le mouvement d’abandon progressif qui vient de la mère quand le petit a assez grandi pour être capable de se nourrir entraîne un sentiment de vide que l’enfant des hommes essaierait de combler par l’hallucination, l’illusion de la réalité, avec la fonction antidépressive de l’objet transitionnel et de l’espace transitionnel qu’est le jeu.
Continuons et ouvrons notre âme d’adulte-enfant à des parcelles du mystère, et laissons nos rêves nous enseigner, … pour éviter de devenir des robots ignorants de nous-mêmes. C’est un des risques annoncés dés le siècle dernier aux blancs par les chefs guerriers et chamans amérindiens du Nord au moment où ils déposaient les armes.
L’apparition de l’arbre de Noël dans la tradition est antérieure à celle du Père Noël. On retrouve les premières traces du sapin décoré en Alsace à partir de 1520, mais la décoration végétale était déjà présente dans les Saturnales romaines. Il a conquis avec les marchands allant de foire en foire tous les territoires germaniques, puis les États-Unis par les immigrants de l’Europe du Nord mais aussi les soldats hessois combattant auprès des anglais lors de la guerre d’indépendance. Il est introduit en Angleterre au XVIIIe siècle par les colons allemands. Il ne s’est propagé en Europe du Sud qu’après-guerre, et a longtemps été accusé en Italie et en Espagne de délit de … « protestantisme »!
L’arbre, frère de l’homme, a toujours été omniprésent dans la conscience religieuse primitive.
Lévi-Strauss souligne que » s’il n’y avait jamais eu dans les temps préhistoriques un culte des arbres … l’Europe moderne n’aurait sans doute pas inventé l’arbre de Noël ». Cette réflexion vaut pour toutes les coutumes de Noël, engrammées dans l’inconscient collectif.
L’arbre est le vecteur privilégié de communication entre les trois mondes, les profondeurs chtoniennes, la surface habitée de la Terre, le Ciel demeure des dieux. L’arbre symbolise l’univers, avec sa force d’évolution. Il relie les neuf mondes de plusieurs traditions, tant germanoscandinave (le frêne Yggdrasill) qu’hébraïque (l’arbre des Sephiroth) ou templière.
Chez les indo-européens on peut suivre jusque dans la préhistoire la personnification de l’arbre de vie, Yggdrasill, lequel, tel l’arche de Noë, résista à la fin du monde (pour les toltèques et aztèques amérindiens c’est le passage du 4ème au 5ème soleil). La forme de l’Irminsul, colonne sacrée des saxons détruite par le «très» catholique Charlemagne, axe cosmique, évoque la matrice féminine, matrice de vie. Mais, comme bien souvent dans l’histoire, Charlemagne n’a pas détruit l’Irminsul pour des raisons religieuses, c’était un acte politique.
Le sapin de Noël est emmailloté dans ses banderoles comme l’était le pin d’Attis, exposé au temple de Cybèle. Il représente inconsciemment, décoré de ses pommes rouges symboles de jouvence, l’arbre de vie. C’est un symbole inconscient d’espoir pour beaucoup de revenir à l’Âge d’Or de l’Éden.
Avec la sortie de l’Âge de Fer (symbolisée par la fin de l’ancien calendrier maya le 21 décembre 2012), il s’agit d’aller vers un nouvel Âge d’Or. En fait il s’agira plutôt, au terme des épreuves de la mortalité et du travail pour gagner sa vie, d’aboutir à la Jérusalem céleste, certes avec l’équivalent de l’Éden dans le plaisir, mais avec essentiellement la fin de la quête par la conquête de l’immortalité à l’issue d’une initiation … et bien plutôt l’aboutissement de l’individuation. Avec chaque année, un petit pas en avant peut être réalisé.
Enfin le sapin de Noël, illuminé, symbolise l’arbre de feu, lié au renouveau de la lumière. Les romans de la Table ronde, support popularisé de l’inconscient collectif s’il en est, font état d’un arbre surnaturel couvert de lumières.
Avant de découvrir le moyen de créer le feu par frottement de bois ou frappe de silex deux moyens permettaient de se le procurer, l’éruption volcanique ou la foudre tombant sur un arbre. Les conséquences de cette acquisition du feu font de l’arbre de feu et arbre de vie l’arbre de connaissance.
La société moderne a, à l’ébauche de l’ère du Verseau (première Ère du nouvel Âge), inconsciemment réuni de nouveau l’arbre de feu et le premier chaman en liant le sapin et le Père Noël. C’est au moins un signe de l’Éternel Retour, dont Claude Lévi-Strauss a décrit le mythe.
Le Père Noël apporte les cadeaux comme une semence, le cadeau essentiel étant la lumière au centre des ténèbres, au sapin. Avec le sapin sacrifié pour être planté au cœur de la maison, comme une castration, est pratiqué inconsciemment un rituel mystique de retour à la nature. Les paradoxes de Noël sont associables aux contradictions du soi. (MCM)
Pour rester dans le rapport avec la complétude des dimensions qui nous composent, un des traits les plus significatifs de la fête de Noël avec le Nouvel An est qu’elle constitue la plus grande occasion de réjouissances, plus encore que les carnavals, où tout semble autorisé, … où en Occident de nombreuses entreprises assurent l’essentiel de leur chiffre d’affaire annuel !
On dit que Noël viendrait de Natalis, soit un lien avec la Nativité de Jésus, mais Mithra, Adonis, Tammouz, Sol Invictus … seraient aussi avant Jésus nés ce même jour. D’autant qu’il a été démontré ces dernières décennies que Jésus, le futur Rabbi Ieschoua, n’est pas né ce jour là ni dans une grotte !
Dans les pays germaniques continentaux, on parle de Weihnachten, les nuits sacrées, dont la sacralité peut tout aussi bien être chrétienne qu’antérieure; et dans les pays germaniques nordiques de Yul ou Yule, qui en vieux norrois comme en vieil anglais donne ” roue ”.
À rapprocher du Mandala tibétain de Kàlacakra, la « Roue du Temps ».
Même dans l’anglais Christmas, qui s’écrit aussi Xmas, on peut lire autant la Messe du Christ que la fête absolue sous l’anonyme X, le symbole archétypal de la croix reliant l’horizontal au vertical, le transcendant à l’humain dans cette période clé de passage entre les mondes. X est aussi le symbole d’un autre archétype, runique (une rune est un caractère du monde nordique à dimension magico-cultuelle, l’ensemble des runes constituant un alphabet tout autant littéral que sacré. Le plus répandu s’appelle FUTHARK, soit ses sept premières lettres) , qui signifie essentiellement le don et le croisement des échanges dans le don : donner et recevoir. Or un des signes caractéristiques de Noël est l’échange de cadeaux. Nous avons tellement besoin d’apprendre à donner et à recevoir.
La fête de Noël se situe au cœur d’une période qui court de la fête celtique Samhain (Toussaint) à celle d’Imbolc (1er février). Et le monde occidental actuel retrouve ces cycles anciens, ainsi avec la période de décoration des rues, la fête Halloween (contact avec les autres « mondes »), la renaissance des carnavals en janvier et février …. où tout est autorisé !
Pour les Chrétiens, Noël est une célébration essentielle (c’est à la messe de minuit que les églises sont les plus remplies). Mais depuis les débuts de l’histoire du christianisme, la hiérarchie n’a cessé d’essayer de supprimer les pratiques païennes de cette période.
En fait personne n’a jamais pu situer le jour de naissance de l’enfant Jésus, d’autant que les premiers Chrétiens s’opposaient à la célébration de la naissance “ biologique ”, pratique « païenne ». Lorsqu’il a été question au-delà du IIe siècle de déterminer la naissance du « Sauveur », la période a oscillé longtemps entre Mars et Mai. Puis en Orient, en Egypte et en Syrie s’est imposé le 6 janvier, date de naissance des dieux Osiris et Dionysos … ou encore Aïon l’Éternel, né d’une vierge. Il s’agissait de récupérer l’événement essentiel de l’épiphanie (manifestation, apparition divine). En Occident, les grands dieux naissaient le 25 décembre.
L’empereur Constantin qui officialise en religion d’État le christianisme en 323 est en fait d’abord monothéiste avant d’être sincèrement chrétien, et cherche à consolider l’Empire … mais il ne s’en est pas fallu de beaucoup qu’il choisisse Sol Invictus. En 430 Saint Augustin se voit encore obligé dans un sermon de comparer le “ Christ soleil de Justice ” au “ Sol Invictus ” mithraïque. Ce n’est qu’en 440 que le concept de grotte pour la Nativité est adopté, alors qu’aucun texte d’origine ne fait référence à une grotte, à la différence de Mithra (un taureau vivait dans sa grotte). La grotte sélectionnée par les « autorités » à Bethléem était auparavant dédiée au dieu babylonien Tammouz.
Ensuite, les fêtes “ païennes ” antérieures sont au fil des siècles récupérées avec l’avancée du christianisme, mais cette récupération n’efface en rien la dimension populaire païenne d’origine.
Les vieilles coutumes et rituels liées aux solstices et au nouvel an subsistent jusqu’à aujourd’hui sous le vernis chrétien, du simple fait que le paganisme correspond depuis toujours à ce que les gens sentent comme naturel, ce sur quoi ils s’accordent pour la plupart sans besoin d’être ou paraître grand clerc. Sociologiquement, la religion jalonne de fêtes qui se voudraient religieuses le cycle païen du retour des quatre saisons, et nous continuons à vivre en société selon cette double temporalité, plus ou moins collectivement consciente.
En Inde, la fête de Holi est la principale célébration du renouveau de la Nature, mais c’est aussi la fête du rouge. Le rouge :
– diurne il est mâle et centrifuge. C’est la force vitale d’Eros triomphant, la vertu guerrière, la richesse et l’amour. La pourpre est la couleur des grands princes, à Bysance comme à Rome, et de tant de potentats ensuite.
– nocturne il est féminin et centripète. C’est la couleur du feu central de la Terre et du sang menstruel. Le rouge flamboyant des volcans en activité dans la nuit demeure pour la plupart une fascination respectueuse devant une telle grandeur , bien naturelle, qui nous dépasse. Combien aimeraient pénétrer au sein de la poche magmatique !
Le rouge du Père Noël est intermédiaire entre la pourpre et le sang. Holi a jusqu’à récemment conservé les caractéristiques d’une violente orgie collective. Toute décence est oubliée parce qu’il s’agit là d’une chose bien plus sérieuse que le respect des normes et des coutumes, il s’agit d’assurer à la vie sa continuité ! La cendre volcanique est potentiellement riche d’une verdoyante nature renouvelée.
Les fêtes des fous du Moyen Âge sont les héritières des Saturnales romaines. Saturne était le dieu de l’Âge d’Or, époque oubliée d’harmonie et d’équilibre où l’on pensait que l’esclavage et la propriété étaient inconnus ; d’ou pendant ces fêtes la “ libération ” dans le désordre des orgies les plus folles et des extrémités les plus “ coupables ”, avec de nombreux morts.
Jusqu’au Dies Juvenalis où des enfants nouveau-nés étaient immolés, le rapprochement de cette pratique avec les Saints Innocents constituant une hypothèse possible. Le sacrifice des plus beaux jeunes enfants était aussi le seul meurtre rituel de la société Inca, laquelle pour tout le reste présentait bien des traits exemplaires, enviables de nos jours.
Au Moyen Âge, le bas clergé et le peuple organisaient dans les cathédrales et églises des cérémonies où toutes les valeurs étaient inversées et la hiérarchie singée, jusqu’à la fête de l’âne revêtu d’une Chappe, dont Quasimodo est une déclinaison humaine. La hiérarchie s’est trouvé obligée de tolérer jusqu’à la fin du XVIème siècle ces pratiques, profondément imprégnées dans les traditions populaires.
Rappelons que tous les carnavals sont des moments de renversement de valeurs où tout est permis, où l’on ne compte pas. Dans les Andes, on donne et l’on dépense en trois jours tout ce que l’on a économisé dans l’année ; ainsi le vécu de l’année sera dans l’être et non dans l’avoir. Dans l’orgie, les hommes perdent leur individualité, comme les semences qui se désagrègent pour devenir autre chose. On y expérimente de nouveau l’état primordial chaotique.
En réactualisant le chaos mythique d’avant la création l’orgie rend possible la répétition de cette création. L’orgie définit un avant et un après, comme le dieu Janus aux deux visages célébré aux calendes (au nouvel an).
Certes Mircea Eliade constate que toutes les sociétés agraires organisent des fêtes consacrées au mystère du renouvellement de la nature. Certes l’aspect festif se retrouve de tout temps et dans toutes les cultures ainsi avec les douze jours de la fête de l’Akitu, le nouvel an babylonien.
Mais même un jésuite comme Guy Deleury, auteur d’un ouvrage consacré aux fêtes de Dieu, voit en Yul ou Ull l’ancêtre du Père Noël. Yul était représenté comme un vieillard bienveillant, vêtu d’une houppelande rouge, dieu de la paix et de la chaleur qui visitait son royaume à skis ou sur un char tiré par des rennes ou des cygnes. Dans sa hotte, il transportait des dons destinés à ceux qui le priaient.
Or les rennes et les caribous sont des animaux symboliques de la connaissance et de la sagesse (celle du « vieux », surnom commun de Odhinn), et les cygnes des animaux de passage entre les mondes des dieux et des hommes, tel le cygne de Lohengrin. Selon Georges Dumézil, Yul était la fête d’Odhinn par excellence, Odhinn le Maître de la Chasse sauvage, le Seigneur de l’armée des morts.
Le dieu Balder, le plus pur, est six mois de l’année dans le monde des ombres et, lors de la période de 12 jours de Yul, au plus profond. Mais il va renaître et ramener avec lui l’Âge d’Or, comme Saturne à Rome. Yul, fête de mort et de joie, est une célébration d’espoir, de confiance. Témoin le sapin qui reste vert. Le sapin, illuminé, incarnait le feu au cœur de la glace, et évoquait ainsi le mythe cosmogonique primordial de la création des mondes nordiques nés du choc du feu et de la glace.
Dans « Le Père Noël supplicié » Claude Lévi-Strauss écrit : « Il n’y a rien de spécifiquement neuf dans ce qu’on aimerait appeler, sans jeu de mots, la renaissance de Noël ».
Le « Père Noël » n’apparaît qu’en 1904 dans le Petit Larousse. C’est en fait en Normandie que s’observe la première manifestation de la personnification de Noël, dans un carol du début du XIII ème siècle. La chanson se termine en patois anglo-normand par « Wesseil », qui correspond à un toast de libations propitiatoires (Waes Hael, soit en bonne santé tant physique que psychique, proche de Heil Drinken, boire à la santé de …). La fête de Wassailing se déroulait en Cornouailles début janvier après l’Épiphanie.
La personnification se concrétise au début du XVII ème siècle. Le personnage décliné à partir des symboles dérivés des origines va finir par s’appeler Father Christmas.
Plusieurs filières se complètent dans l’historique du personnage du Père Noël, celle de Saint Nicolas qui remonte aux tous premiers siècles de l’ére chrétienne et part d’Anatolie, et celle de Santa Claus qui remonte aux premiers émigrés européens aux Amériques.
Pour Lévi-Strauss, le Père Noël est un “ phénomène de convergence », qui, par son caractère archétypalo-syncrétique, recompose une vieille célébration dont l’importance n’est jamais complètement oubliée. Toutes les traditions qui sont associées (bûches, arbre, cierges, cadeaux, gui …) découlent, au moins, des Saturnales de Yul en passant par les fêtes des fous médiévales.
Le saint est indissociable de son accompagnateur, Pierre le Noir ou Zwarte Piet …, qui sont des diabolisations de diverses divinités et créatures mythologiques. Ce personnage essentiel est la véritable origine divine païenne du Père Noël. Nicolas et « lui » se partagent les côtés « positifs » et sombres du dieu.
Anciennement, les divinités intégraient des fonctions ambivalentes tant bienfaitrices que terrifiantes. Pas de Balder sans Lokki, voire « pire » (mieux vaut ne pas citer son nom). Pas de yin sans le yang. Pas d’Archange Michael sans l’Archange Lucifer. Mais le christianisme dualiste a systématiquement scindé les fonctions. Il était au christianisme impossible d’imaginer et promouvoir des aspects “négatifs” à Dieu, Jésus, les saints, d’où la multiplication artificielle des accompagnateurs effrayants.
Carl Gustav Jung a développé dans nombre de ses ouvrages ce principe spécifiquement catholique de la « privatio boni », qui privilégie systématiquement, à hauteur d’un dogme, la dimension « bonne » comme caractéristique essentielle de Dieu et de toute la hiérarchie angélique, et humaine d’ici, qui s’en décline. Ce principe, qui refuse la valorisation donc l’expression de la partie « ombres », entraîne les conséquences considérables pour les individus et la société d’un principe schizophrénique érigé en loi fondamentale et repère pour toute l’organisation de la vie … avec une seule partie de l’être, ce qui est absurde en regard de la réalité.
Les Protestants renchérissent dans la Réforme et radicaliseront ce choix. Ils s’acharneront sur tous les signes traditionnels de Noël. Ils considéreront les pratiques chamaniques de médiumnité avec les esprits et les morts comme le pire des péchés ! Là aussi, absurde.
Au plan pédagogique, il était donc difficile de faire de Jésus un ogre redresseur de tords qui viendra fouetter l’enfant “ s’il ne mange pas sa soupe et n’a pas été sage ”. Le Père Fouettard a été ainsi inventé par les jésuites et les frères des écoles chrétiennes. Dans les pays germaniques, on connaît l’accompagnateur Hans Trapp, manifestation du meneur traditionnel de la Chasse, et en Suisse le monstrueux sorcier Krampuss. La menace va jusqu’à la dévoration par des ogres. Ils sont volontiers appelés cannibales ou croque-mitaines.
Les verges sont plutôt à associer aux balais, attributs des anciennes divinités de fécondité et symboles du paganisme. Les esprits de la Nature, et jusqu’à Robin Hood, portent des balais.
Quand le saint et l’accompagnateur sont confondus, ils prennent dans les récits et les gravures l’allure de Pierre le Noir. L’un des accompagnateurs, Knecht Ruprecht, le sombre, ou Rumpanz, serait à l’origine Wotan, supplanté par Saint Nicolas. Selon Jakob Grimm, son étymologie serait “ Brillant par la gloire ”, ce qui l’identifie bien à Odhinn. Tenir compte aussi du fait que le nom du cheval de Saint Nicolas est Slupinis, très proche de Sleipnirr, le coursier d’Odhinn. Sleipnirr a huit pattes, afin métaphoriquement de pouvoir être quasi immédiatement partout. Cette faculté correspond au don d’ubiquité. Avec ses rennes, le Père Noël assure la même performance.
Le Père Noël appartient ainsi, avec son accompagnateur, à la famille des « objets clivés » qui agissent simultanément pulsion de vie et pulsion de mort. Il est le bon objet par excellence et sa face cachée est représentée sous les traits d’autres personnages. Mais alors que tous les autres personnages clivés d’emblée (sorcière, loup, fée, ogre …) appartiennent aux contes et aux fables, le Père Noël, lui, est présenté comme appartenant au réel !
Attention, ce dernier trait n’est vrai que dans la conscience « ordinaire », car dans les pratiques permettant un élargissement de la perception tous les objets sont sujets et susceptibles à ce titre d’êtres concrètement présents. Leurs effets témoignent de leur puissance.
Le Père Noël a donc en lui le Bien et le Mal. Le Père Noël, qui semble n’obéir qu’au principe du Bien, est aussi un double de nous-mêmes, et nous en avons une fine connaissance subtile tapie dans le fond, qui appelle un travail sur soi pour devenir une forme consciente claire.
Tous les thèmes et travaux de la « percée de l’être » (Carlfried Graf Durckheim et d’autres) relèvent de ce type de processus. Une observation attentive des expériences qui évoquent cette réalité vivante en nous mène à l’identification de la qualité « numineuse ». Le numen est cette puissance qui domine l’homme indépendamment de sa volonté rationnelle ; et cette acceptation de ce que l’on vit, de ce que l’on constate, qui est, permet alors la rencontre avec des facteurs dynamiques qui agissent en nous, les archétypes. Les archétypes sont des potentialités de représentations multiples en fonction des contextes des hommes, mais correspondent aux identités divines, universellement partagées, de cet univers. Les archétypes sont par nature au moins ambivalents, et tous intègrent tous les états de ce qui existe, bien au-delà de ce que les hommes sont capables de percevoir au seul plan de la « conscience ordinaire ».
Tous les Dieux, dont le Père Noël (en tout cas ceux qu’il représente), intègrent, sans jugement de valeur, le « Bien » et le « Mal », selon le symbole porté par Abraxas, la divinité qui contient la lumière et l’obscurité. Très tôt, C.G. Jung identifie Abraxas au pied du Système du Monde, publié de façon anonyme en 1955, comme il ressort dans le Liber Novus (Livre Rouge) (2011).
En Suisse, le Père Noël est accompagné de son épouse, qui est … Sainte Lucie. L’ancien nom germanique du solstice d’hiver, Modranicht, signifie “ nuit des mères, ou de la mère ”, et des personnages féminins ont toujours été associés à cette période de Yul, voir ont précédé leur homologue masculin, comme l’archaïque Babouchka en Russie ou la Befana italienne.
On peut distinguer trois catégories de Mères Noël : – les pourvoyeuses de cadeaux, d’enfants … – les meneuses de la Chasse sauvage – les fileuses. Celles-ci maîtrisent l’activité des femmes qui tissent la grande toile de la destinée, la toile du Wyrd. En ce sens elles sont ordonnatrices et régulatrices du monde.
Elles sont des manifestations d’un très ancien personnage, la vieille mère des os, qui récupérait les os des chamans démembrés (symboliquement), après leur initiation, et reconstituaient leur structure psychophysique.
Ces personnages féminins présentent aussi des aspects à la fois monstrueux et bénéfiques, et à l’inverse des entités masculines ont conservé les caractéristiques de leur statut de divinités païennes. Ce trait est significatif du dédain des grandes religions monothéistes envers la femme, aberration difficilement compréhensible, à l’inverse de la plupart des paganismes.
Les deux Mères Noël les plus représentatives sont germaniques : Holda se manifeste la nuit de Noël, et Berchta à l’Épiphanie. Holda, Hulda en Norvège, est une très vieille dame, mais qui apparaît parfois jeune, mi-fée mi-sorcière. Les frères Grimm l’appellent Frau Holle. Mort et fécondité étant proches, elle est proche de la déesse nordique des morts, Hel.
Sous la forme de la Dame blanche elle fait partie de la troupe de Odhinn dans la Chasse sauvage, et chevauche un cheval blanc comme lui, ainsi les dames blanches des Pyrénées wisigothiques. Elle est assimilée à Diane chasseresse, intimement associée au cerf (le cerf est un animal de pouvoir puissant dans toutes les traditions chamaniques). Partout, elle est la déesse de l’abondance.
Berchta est en outre Frigg, épouse d’Odhinn et archétype de la Mère. Son attribut principal est la quenouille, et elle fournit les Nornes qui tissent la toile du destin. En France, c’est la tante Arie.
La Dame de Noël vient le 24 décembre, couronnée de bougies ou de roses et vêtue de blanc. Sainte Lucie apparaît aujourd’hui comme une jeune fille en robe blanche, virginale, pure, mais anciennement son vêtement ressemblait plutôt à celui des anciens Pères Noël et symbolisait tout autant les forces obscures de la nuit au cœur de l’hiver et l’espoir du renouveau de la lumière. Sous la forme d’un énorme oiseau de proie, elle accompagnait la Chasse.
En Italie, le Befana est une vieille et gentille sorcière ; la nuit de l’Épiphanie, elle voyage sur un balai chamanique pour distribuer ses cadeaux dans les cheminées. Les personnages de la Babouchka, et de Chauchevielle en Suisse, … sont proches.
Cependant, on a évoqué plus haut l’ambiguïté du rouge du Père Noël, ambiguïté sexuelle apparente. En fait, le Père Noël n’a pas besoin d’être homme ou femme, car il est par sa nature divine les deux à la fois. Ce qui permet de poser l’hypothèse que le mythe porté est ancien dans ses racines au point de rejoindre l’androgyne originel. Ce mythe peut d’ailleurs nous aider à comprendre que nous portons tous une dimension masculine et une dimension féminine, et que nos considérables différences ne tiennent génétiquement qu’à un seul chromosome, et en fait sont d’abord culturelles, … sans parler des connaissances récentes acquises avec l’épigénétique.
Pour ridiculiser un peu avec le sourire ces patriarches masculins des religions soi-disant monothéistes dans leur dédain ridicule et archaïque de la femme, rappelons que pendant notre gestation nous sommes, après avoir retraversé tous les cycles antérieurs des animaux (dont l’attribut d’une queue), pendant un temps d’abord tous avec les attributs féminins, puis une moitié deviennent masculins ! Facile alors de comprendre les origines de la résistance de fond des soi – disant « faibles femmes » (trait typiquement culturel) dont un des plus nets symboles réels sont les « mères courage ».
De plus cette qualité originelle permet au Père Noël de ne pas être piégé et paralysé par le désir de se fondre avec son contraire. Les Mères Noël ont leurs fonctions, quelles mènent en assurant leur rôle, et il ne leur passerait pas par la tête non plus de désirer se faisant le Père Noël.
Par contre l’Église, qui a tout fait pour détruire Celui avec lequel elle n’a pas été capable de faire l’amour, continue à s’évertuer dans le vide, car ce n’est vraiment pas le problème du Père Noël non plus. Lui est avec les vrais dieux, y compris le Christ dans sa réalité, et non dans l’image qu’en ont donnée à partir du IVème siècle les graves altérations issues des dogmatismes motivés par des motifs politiques et économiques.
Pour compléter ces corrections historiques, il faut savoir que le célibat des ecclésiastiques catholiques (car tous les autres savent « ce qui est bon ») ne remonte qu’à Grégoire VII dans son Dictus Papae au milieu du XIème siècle, débat qui a du être validé au deuxième concile de Latran en 1139. Le respect de ce célibat n’est entré que très progressivement dans les pratiques, et jamais intégralement respecté bien entendu.
Les catholiques et une partie des orthodoxes et des bouddhistes sont bien les seuls a contraindre leurs prêtres à cette aberration contre Nature, ce qui depuis longtemps est à l’origine de blagues dans le répertoire de l’humour juif. D’abord l’abstinence peut être un choix, ce n’est pas une obligation. Ensuite l’équilibre dynamique de complétude ne peut qu’être aidant et bénéfique a une vie saine dont sa dimension spirituelle.
Le peuple dans sa personne collective historique ne s’y est pas trompé, et continue de « faire la fête », avec une cohérence qui laisse « rêveur », quand on compare des cultures qui soi- disant « ne pouvaient pas se connaître ».
Le « Seigneur du Désordre » Médiéval ? Le Bon Homme Noël est une créature de la nuit et du froid, mais il est joie. (MCM)
Derrière l’apparence de cette essence de porter les opposés, entre la solidarité accrue et l’antagonisme exacerbé qu’il gouverne, se cache le principe actif, opératoire, du médiateur, et la sagesse de l’intention de l’extrême possible pour le genre humain. Si aux yeux de l’autorité “ régulière ” il commande les excès, en même temps il les contient en fait dans des limites raisonnables (aux yeux de la Nature), … ce qui est exactement l’inverse de la déraison.
La déraison est plutôt dans l’obsession du contrôle ou dans les délires d’abandon, et non dans une régulation de nos contradictions, … dans le respect de l’intégralité des apparents opposés qui nous composent. Pour C.G. Jung, le processus d’individuation n’est-il pas « l’accession de l’individu à sa complétude ».
Pour Marie-Christine Mottet, la sacralité d’un phénomène repose sur un trépied que l’on peut définir par le rite, le mythe et le temps sacré dans lequel il se déroule. Qui peut alors mettre encore en doute le caractère sacré du phénomène Noël dans son ensemble ?
On a vu plus haut le caractère divin originel ouranien du Père Noël. Mircea Eliade constate que dans toute religion les figures divines ouraniennes, divinités célestes éloignées, ont tendance à disparaître du culte au profit de divinités plus concrètes. Ces divinités plus proches de la condition humaine sont souvent les fils et filles des précédents. Elles permettent aux hommes de sortir de leurs conditions humaines pour atteindre l’immortalité divine au travers des mystères et de l’initiation.
Dionysos, Osiris, le Christ, Quetzalcoalt, appartiennent à cette génération, même si le Christ est décrit comme consubstantiel au Père, et même si Odhinn se manifeste aux hommes dans de multiples formes divines diverses.
Or la symbolique du Père Noël met en évidence qu’il rassemble lui aussi les traits des deux générations. Il est roi divin, comme Odhinn premier parmi les Dieux. Personnage céleste, il descend du ciel et jette un pont entre les mondes et entre les êtres. Il vient sur terre, comme l’ont fait et le feront tous les grands Avatars. Il règne sur un peuple d’assistants (elfes, lutins, fées) dans son royaume. La couleur de son manteau traduit son statut royal, et cette couleur, entre pourpre et sang, est celle en alchimie de l’aboutissement du Grand Œuvre. En fait c’est un très vieux roi, qui remonte, au-delà de Odhinn, aux temps de Tyr puis Ull.
L’origine nordique est soulignée, dés le poème de Clement Moore, dont il convient de ne pas oublier qu’il résurge de colons hollandais de culture germanique, avec le signe que le Père Noël vient du Nord, plus, qu’il habite le Pôle Nord. Or de très anciennes traditions tant en Europe qu’en Amériques du Nord et du Sud se remémorent l’arrivée au Pôle Nord d’êtres ayant les capacités et pouvoirs de dieux et venant d’autres planètes, à une époque antérieure au cinquième soleil aztèque actuel. C’est là une source divine complémentaire. On en trouve encore aujourd’hui sur le mode ludique une trace dans la bande dessinée Thorgal.
Dans leur tentative d’éradication et de substitution des dieux, les chrétiens ont affublé Satan, l’archange déchu, des cornes des dieux cornus de fécondité et des pieds fourchus de Pan, l’homme sauvage. Mais l’archange Lucifer et/ou Lucibel qualifié de « déchu » étant le Frère du Christ ou de l’archange Michael (« Qui est comme Dieu »), il a fallu la force de l’image de la Nativité de Jésus et de sa Mère Marie pour tenter, finalement sans succès, la substitution.
Ce qui recoupe le symbole de hauts lieux de passage tels les Monts Gargan ou Saint Michel.
Un autre de ces lieux est le pog Saint Michel du Puy-en-Velay, un tablier de dolmen de thérapie-fécondité étant à proximité au sol d’une aile de la cathédrale. Le Puy a été un des hauts lieux de culte de Cernunnos succédant à Mithra, et un des lieux de résistance les plus tenaces jusqu’aux « temps modernes ». C’est au Puy que se rassemblent plusieurs des chemins de pèlerinage sur la Via Podiensis pour Santiago de Compostela. De plus la symbolique subtile de la ville annonce la Jérusalem céleste (Derderian 1992).
Or la Jérusalem céleste est annoncée à l’issue de l’Apocalypse de Jean, Apocalypse étroitement comparable dans l’essentiel du message au Grand Ragnarok nordique. Il est connu que Jean était le disciple préféré du Rabbi Ieschoua, et qu’il aurait bénéficié d’une initiation plus poussée que les autres. C’est, mis à part les autres évangiles (de Philippe, de Marie …), des quatre évangélistes « validés par les autorités ecclésiastiques » celui que les « dogmatiques » comprennent le moins.
Cela n’a rien d’étonnant car au fond le monde politique et économique basé sur la propriété, aveugle devant la catastrophe écologique en cours, et protégé de la remise en cause de l’illusion du bien par la « privatio boni » … n’a pas vraiment envie de traverser le cataclysme pour que soit régénéré l’Âge d’Or.
D’où, avec toutes les institutions qui contribuent de la pensée unique dominante actuelle, une partie des causes de la dégradation des repères menant à l’enfermement suicidaire sur la rentabilité financière court terme, … même pas économique !
Mais plus d’un tiers de l’eau, de la terre et de l’air sont déjà pollués pour très longtemps. Dans l’Apocalypse de Jean, les sceaux sont ouverts par tiers ! Il n’est plus déniable que nous allons « bien » à marche forcée vers un Renouveau, et que nous n’avons encore fait qu’essuyer le début d’une série de cataclysmes, et des mutations lourdes qui vont les accompagner.
Il est intéressant alors, au plan de la vie ordinaire, de reprendre le constat que c’est l’adulte qui entretient avec force la « mystification » du Père Noël, tout en prétendant ne pas y croire. Lévi-Strauss demande il ne s’agit pas de justifier les raisons pour lesquelles le Père Noël plaît aux enfants, mais bien celles qui ont poussé les adultes à l’inventer….
Dans la relation, et même la négociation, à l’enfant qui est poète et communique directement avec la Nature et ses esprits (jusqu’à l’âge « des raisons »), l’adulte a besoin de créer et entretenir le mythe. La pédagogie n’a pas assez travaillé sur la genèse de la spiritualité, engoncée qu’elle est par les clivages (temporaire en regard de l’histoire de l’humanité) du type conflits églises – états .
L’adulte non-initié a peur de l’enfant, de tout ce que signifie le regard de l’enfant, de la perversité polymorphe naturelle (qui n’a pas encore intégrée la « privatio boni » et les mécanismes de défense qui s’en déclineront) et des ambiguïtés de l’enfant.
L’échange ne peut s’opérer que par le biais de la fête du désordre, du déguisement et du paradoxe fondamental, où l’enfant qui est encore en chacun a des droits, et droit à des cadeaux symboles, en échange de son maintien dans l’attente de l’autonomie espérée de l’âge adulte tout au long du cycle de l’année.
Revenons au rêve, évoqué plus haut. Comme le dieu Asclépios, les psychanalystes ont redécouvert l’enseignement du traitement par le rêve, avec les limites liées pour la plupart à leur « manque » de spiritualité … alors que les chamans eux ont toujours pratiqué, en restant en relation avec les esprits, les thérapies par certaines formes de rêve.
Rappelons nous Saint Nicolas qui assure ses miracles par le rêve, alors qu’il a passé son enfance dans une région de culture grecque, où l’on connaissait peut-être Asclépios, … lequel est essentiellement le dieu qui guérit grâce à la lumière de l’esprit surgi des ténèbres de l’inconscient. C’est bien l’essence de Noël.
Dès lors que les hommes acceptent le message de leur inconscient, dont ceux qui viennent de l’inconscient collectif partagé par l’ensemble de l’humanité, dès que s’accomplit le lien entre l’esprit et l’âme démarre un voyage, un processus intérieur qui peut mener jusqu’à la naissance de l’être véritable, la re – naissance. La formation du soi trouve à Noël un temps fort, et le Père Noël participe à ce mouvement initiatique essentiellement en montrant que le sacré ne s’épuise pas par la connaissance intellectuelle.
En effet, même si le Dieu Père Noël « meurt » par la connaissance rationnelle, son mystère demeure, permettant ainsi d’accéder à une autre dimension, celle d’une perception émotionnelle et affective de la transcendance. Le Père Noël étant une des figurations du sacré, un représentant archétypal de la numinosité, lorsque l’enfant apprend son mystère il ne disparaît pas, mais s’intériorise sous une forme symbolique.
Le Père Noël serait alors l’objet du premier mouvement de désinvestissement archétypal. Rappelons que l’inconscient collectif est d’abord reconnu dans ses projections hors de l’individu, et l’individu en reconnaissant ce phénomène de projection prend conscience d’une partie du soi. Le Père Noël, figure actuelle d’un dieu éternel, nouvel avatar populaire et vécu par chaque enfant d’un archétype le dépassant, subit donc avec l’apparence de sa mort quand l’enfant accède à « la vérité » ce processus d’intériorisation. Alors le Père Noël, dans ce sacrifice, servirait de modèle aux autres mouvements d’abandon des projections archétypales, … à condition que l’adulte devienne capable de vivre ces passages de paliers ultérieurement. Si l’abandon de la croyance au Père Noël constitue le premier retrait des archétypes, c’est une première tentative d’accès au soi, la première étape du processus jamais achevé d’individuation, de l’élargissement du champ de conscience vers le cœur de l’Être. (MCM)
Ainsi le Père Noël non seulement revient de génération en génération, mais il est toujours là, dans le processus engrammé. Nous ne projetons pas comme Freud derrière le meurtre du Père Noël le meurtre du père de la horde primitive. (MCM) À la défense de ce dernier, les connaissances sur la mythologie nordique étaient loin d’être aussi développées qu’aujourd’hui, de même qu’il est probable que Jung de son côté n’ait pas lu l’Edda Poétique.
De plus on commençait déjà à se méfier à l’époque de certains traits des mouvements folk en Allemagne, en Suisse, en Autriche, … lesquels pouvaient déboucher sur plusieurs scénarios ; c’est malheureusement le pire des scénarios qui s’est réalisé avec les abominations des régimes totalitaires ultérieurs. D’où dans la seconde moitié du XXème siècle un tord considérable, pourtant en soi non fondé, porté à la culture germano – scandinave plusieurs fois millénaire et profondément humaniste sur un mode holistique. Il a fallu longuement re – travailler les apports de civilisation pour tous venant des indo – européens, par exemple avec l’œuvre considérable d’un Georges Dumézil.
Histoire du Père Noël : deux filières
La filière Saint Nicolas
Le futur Saint Nicolas naît en Lycie (actuelle Turquie alors de culture grecque) vers 270. Il a connu dés son vivant un culte à la hauteur d’un intercesseur privilégié entre les hommes et Dieu. Jean Chrysostome, qui œuvre en Orient à l’introduction du culte de la naissance de Jésus, arrange sa biographie pour lui donner une dimension divine. Il pratique la charité et devient évêque de Myre. Il aurait joué « à distance » un rôle important au premier concile de Nicée en 325. On lui attribue des ouvrages contre l’hérésie arienne. On lui attribue des miracles christiques, dont les résurrections d’enfants, et la valorisation de ses miracles l’identifie à Jésus-Christ. Il est très vite canonisé alors qu’il n’a pas été martyr. On célébrera sa naissance, privilège réservé au Christ, Marie et Jean le Baptiste. Le culte rendu à Apollon glisse sur Nicolas. Paradoxalement vu d’aujourd’hui, il s’est dressé de son vivant contre les cultes des saints païens. C’est le patron des enfants, des écoliers, des prisonniers, des voleurs, des marins, des prostituées, et des fleuristes. Il est marqué par le nombre 3 et intervient par l’entremise des songes. En 1807, pour protéger sa dépouille des turcs musulmans, celle-ci est déplacée à Bari, proche du Monte Gargano consacré à Saint Michel. Le dieu Gargano antérieur à l’apparition de l’archange au VI ème siècle était un des aspects de Mercure dans le Sud, Wodan dans le Nord, ou Lug ou Belenos dans l’Ouest. Un culte y était rendu à Mithra. Le Mont-Saint-Michel était encore appelé au XIII ème siècle Mont Gargan (Gargantua). La dépouille de Saint Nicolas fut transférée au mont Gargan, et le saint devint le patron de Bari. Cependant l’Italie ne vouera pas plus tard un culte particulier au Père Noël, qui du côté chrétien ne concurrence pas l’enfant Jésus, et du côté »paîen » reste fidèle à la Befama. Il en sera de même en Espagne « très catholique », et qui a été musulmane, avec une forte présence des rois mages.
Saint Nicolas va gagner le Nord de deux façons. D’une part lors de leurs raids en Méditerranée, les vikings découvrent un Saint Nicolas qui a intégré le Gargan d’origine, et leur rappelle donc Odhinn. Il fera un personnage idéal pour donner des gages aux missionnaires évangélisateurs qui les suspectent de rester fidèles aux anciens dieux, dieu d’autant adapté qu’il est patron des marins. L’adaptabilité a toujours été la qualité première des vikings. D’autre part un chevalier lorrain est fait prisonnier par les Turcs lors d’une croisade. La légende dit qu’il prie Saint Nicolas qui lui apparaît en songe et le transporte jusque sur le parvis de la cathédrale de Nancy. De toute façon il fut libéré et attribue ce fait au saint. En fait il semble qu’il vole une phalange relique et la ramène dans l’église de Port. La relique accomplit des miracles, et le village de Port devient la plus grande foire d’Europe. Le culte se répand à tous les territoires germaniques. Lui est rattachée la coutume ancienne de distribuer des cadeaux.
La filière Santa Claus
Une légende veut qu’en 1626, un navire d’émigrants hollandais, avec à sa proue une figure de Sinter Klaas ou Claes(Saint Nicolas), échoue pendant une tempête sur la côte nord- américaine. Un marin fait le rêve que si les naufragés fondent là une ville, Saint Nicolas viendra chaque année le jour de sa fête distribuer des cadeaux aux enfants en passant par les cheminées. La ville fut baptisée New Amsterdam. En fait Saint Nicolas arriva en Amérique du Nord dans les bagages des colons hollandais vers le milieu du XVIII ème siècle. New Amsterdam deviendra New York. En 1809 l’écrivain Washington Irving déplace le 6 décembre (Saint Nicolas) au 25. Il est repris par Clement Clark Moore, pasteur luthérien, professeur de théologie et de littérature grecque au collège théologique de New York, en 1822 dans un poème écrit pour ses enfants. Lequel donnera en 1994 le film « The nightmare before Christmas » où l’on voit un sombre roi de Halloween rêver de devenir Père Noël alors qu’il en est la figure-ombre. Le poème de Moore va paganiser saint Nicolas et donner naissance au Père Noël moderne.
Nommé Santa Claus, le personnage n’est plus Saint Nicolas mais un petit elfe joufflu, esprit magique du solstice d’hiver nordique. Son traîneau est tiré par huit rennes. Dans le poème, l’inquiétant accompagnateur de Saint Nicolas, appelé par les français Père Fouettard et par les Néerlandais Pierre le Noir, a disparu. Trente années plus tard, Thomas Nast dessine l’elfe de Moore sous forme d’un gnome, qui va évoluer et donner vers 1930 dans l’hémisphère Nord le Père Noël actuel. En 1880 l’imagerie populaire britannique adopte pour le personnage les caractères de bonté et de générosité liés à la fête. En 1931, Coca cola choisit le personnage le plus populaire pour porter la nouvelle publicité de son produit sans la cocaïne et impose ses couleurs rouge et blanche. Après la seconde guerre mondiale, le Père Noël de Coca cola s’impose au monde entier (en France dans les années 50), et se substitue à Saint Nicolas. À remarquer que dés les années 1880 il était déjà connu à Lyon, et mimé dans les familles sans que personne y voit rien d’antichrétien.
Synthèse des deux filières Nicolas continue à être populaire au XIXème siècle quand il est concurrencé par le Père Noël. Le futur Père Noël sera une synthèse des anciennes traditions et du nouveau Santa Claus anglo-saxon. Le Père Noël sera un Saint Nicolas défroqué importé avec le sapin après la guerre de 1870 par plus de 200000 alsaciens venant s’installer en France.
Au début des années 1970, en conséquence de Vatican II, il fut établi formellement qu’aucun évêque catholique romain du nom de Nicolas n’avait jamais existé, et que les légendes attribuées à ce saint n’étaient pas d’origine chrétienne (sic), aboutissement de presque deux millénaires d’hostilité. Le Père Noël est coupable d’ « enlever tout caractère religieux à la fête de Noël ». Les campagnes menées par les hiérarchies ecclésiastiques ne manquent pas partout dans le monde … mais rien n’y fait.
L’exemple parmi les plus outrés et finalement des plus comiques s’est déroulé en France dans la bonne ville de Dijon en 1951. Le 23 décembre, les Jeunesses catholiques ont pendu (comme l’a vécu Odhinn) puis brûlé une effigie du bonhomme Noël sur le parvis de la cathédrale Sainte-Bénigne à Dijon … et l’on vit la foule attendre … la résurrection du Père Noël ! Finalement le plus drôle fut de voir les anticléricaux prendre position pour le Père Noël, pourtant archétype du grand prêtre chaman traditionnel, pour condamner l’Église. Lévi-Strauss en écrivit un article de fond de 20 pages, où il s’exclama “ Le Père Noël symbole de l’irréligion, quel paradoxe ! », … et où il affirme la dimension sacrée et divine du Père Noël. Le chanoine Kir, dans son bon sens (il a sauvé une part du vignoble bourguignon en valorisant de la piquette avec du cassis), lui qui avait frôlé la mort de près (survivant d’un charnier), et partageait dans sa stature l’aspect jupitérien du Père Noël, s’est bien gardé d’intervenir. En 1952, à Carnaval, l’Académie de Dijon a réhabilité le Père Noël en stigmatisant son origine sacrée païenne : il venait de Gargan, fils de Bel. Or c’est à Carnaval que traditionnellement, le bonhomme Gel retire ses habits d’hiver pour devenir l’Homme vert, l’Esprit de la forêt, l’homme sauvage.
En 1951 le Père Noël fut aussi condamné devant le Soviet Suprême et dans l’Espagne franquiste, et fut mis en accusation devant les instances de l’O.N.U. !? Là, selon le psychiatre canadien Chilsholm, Directeur de l’O.M. de la Paix, “ …il sape chez l’enfant l’esprit universel indispensable à l’homme pour résoudre les problèmes d’aujourd’hui ” (sic). En 1995 l’Albanie musulmane le fait interdire en en faisant un symbole du christianisme.
Les dogmatismes redoutent la paganisation du mystère chrétien, qui s’est développée partout. Les intégrations de symboles “ païens ” et chrétiens se retrouvent ainsi dans le monde rural puis dans les sociétés nordiques, dans les décors des églises andines et les pratiques festives de plusieurs populations d’Amériques Centrale et du Sud, dans certains rituels des indiens Huichol du Mexique, au Vietnam, dans le Pacifique …
Les mythes de Noël, universels, et du Père Noël d’origine nordique même si une des racines vient de Turquie, constituent un des exemples de fondement d’espoir à la portée de tous, quelque soit leur niveau de connaissance et de conscience, du plus humble au plus développé. Ils contribuent à l’élargissement de la conscience par les ponts entre les humains incarnés et leur dimension divine.
« Trop nombreux sont ceux qui n’ont pas compris que la figure divine habite au centre même de l’être » (C. G. Jung).
Michel Vallée, 21 décembre 2012.
Version revue d’un premier texte produit pour Noël 2000 par l’auteur dans une réunion associative lyonnaise de l’Institut Psychanalyse et Management.
Bibliographie
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Jacques Derderian « Le Puy, haut lieu ésotérique » – Dervy 1992
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Mircea Eliade « Traité d’histoire des religions » – Payot 1949, « Le chamanisme, et les techniques archaïques de l’extase » – Payot 1949, « Le mythe de l’éternel retour » – Gallimard 1969
Sigmund Freud « Totem et tabou » – Payot 1965, « L’homme Moïse et la religion monothéiste » – Gallimard 1986
Carl Gustav Jung « Métamorphose de l’âme et ses symboles » – Georg Genève 1987, « LÂme et le Soi » – Albin Michel 1990, « Les énergies de l’âme » – Albin Michel 1999, « Réponse à Job » – Buchet/Chastel 1996, « L’âme et la vie » – Buchet/Chastel 1963, « L’homme et ses symboles » – Robert Laffont 1964
Yves Kodratoff Extraits de « Grimm’s Teutonic Mythology »
Claude Lévi-Strauss « Le Père Noël supplicié » – Les temps modernes, n° 77, mars 1952
Jean Marchal « L »Apocalypse de Jean, un message pour notre temps » – Question de, 1987
Marie-Christine Mottet « Le père Noël est une figure » – Desclée de Brouwer 1996
Snorri Sturluson « L’Edda » – Collection L’aube des peuples Gallimard 1991
Tony van Renterghem « La fabuleuse histoire du Père Noël » – Éditions du Rocher 1995
D.W. Winnicott « Jeu et réalité. L’espace potentiel » – Gallimard 1975
Vie de Peter Pan (Dossier ARTE en 2000)