Au G 20 à Osaka, Trump et Xi Jinping se rencontrent à deux, hors des plénières. Trump revient sur ses déclarations et une partie de ses actes de guerre commerciale contre la Chine ! Les économies des deux pays seraient devenues trop intriquées >>> en fait c’est la Chine qui a réussi son jeu de Go économique sur les deux territoires, et échappe aux décisions yankees sur Huawei notamment, soit l’arme la plus efficace (même si elle pose ici en Europe des problèmes aux écologistes en matière de santé).
En Iran, Trump renonce à bombarder l’Iran malgré une fois de plus un montage grossier dont personne n’est dupe. L’Iran a pour alliée la Russie qui a pour alliée la Chine. La Russie a nettement posé ses piquets au Moyen Orient ; l’armada des States ne compte pas plus que cela. Et les nouveaux systèmes antimissiles russes, technologiquement plus avancés, ont stoppé les positionnements américains à l’Est de l’Europe.
En Amérique du Sud, un coup d’État militaire contre le gouvernement est déjoué au Vénézuela. On sait d’où viennent les coups d’ État militaires en Amériques centrales et du Sud. La Russie et la Chine ont de gros intérêts financiers au Vénézuela. Toujours en Amériques du sud, l’accord de libre échange est convenu entre la CE et le Mercosur (Brésil – Argentine – Uruguay – Paraguay) ; on peut ne pas aimer cet accord pour plusieurs raisons, mais du fait même l’Amérique du sud est un peu moins chasse gardée des States.
Aux États-Unis même, les États et les villes ont des marges de manœuvre telles que le refus de la Maison Blanche de s’engager sur le climatique rencontre la désobéissance affirmée de ces entités, donc la forte minorité réactionnaire ne contrôle pas son jeu de Go interne.
À suivre …
Mois : juin 2019
L’essence du respect.
Retransmis le 23 juin 2019, hier soir, sur ARTE. Les musiciens vont prendre leur place, le chef d’orchestre parmi eux, restant à échanger avec l’un et l’autre avec un doux sourire, jusqu’à rejoindre son pupitre. Plus que de les voir, on les sent émus du plaisir et de l’honneur d’être là. Direction simple, explicite, physiquement engagée malgré son grand âge de Seiji Ozawa, chef de file japonais de la direction d’orchestre, de la pédagogie, de la transmission. Ozawa dirige la 7ème de Beethoven au festival Matsumoto 2016. Entre les mouvements il prends le temps de se reposer un moment sur un petit tabouret, dans le silence général. Le respect et l’amitié partagés exhalent de l’ensemble, auditeurs dans la salle et orchestre. Les applaudissements ne s’exprimeront qu’à la fin de l’interprétation (auparavant silence correct tenu), alors que Seiji va humblement, dignement, amicalement, saluer et un mot avec chacun de tous les musiciens. Le spectacle, ce n’est pas la 7ème, c’est ce tout de ce moment d’interprétation, émouvant, prenant. Je dis avec humilité car l’humilité juste est agir et s’exprimer selon ce que l’on est et peut donner, certes ni plus mais tout autant ni moins. Qualité d’être. Une des facettes de la beauté.
Une dictature douce et efficace ?
Hier soir, le dossier d’ARTE a été consacré à Tiananmen. Il y a trente ans, en juin 1989, les étudiants de Pékin, puis le peuple de Pékin, vite relayés par les étudiants et le peuple de toutes les grandes villes de tout le territoire de la Chine, ont failli réussir une Révolution vers un État et une Nation démocratiques quasi-utopique (au sens de Thomas More), à l’époque où le Grand Gorbatchev animait en Russie encore soviétique la Pérestroïka. La direction du Parti communiste chinois était divisée, a été sérieusement ébranlée et a failli négocier avec les représentants élus du mouvement, qui avaient eu la qualité de s’auto-organiser en si peu de temps. En effet la première vague de l’armée, envoyée pour « remettre de l’ordre », s’est retournée et a pactisé avec « son » peuple. Mais la section conservatrice de la direction du Parti l’a emportée, et a donné tous les pouvoirs a Deng Xiao Ping, qui a alors envoyé les forces d’élite et des soldats endoctrinés pour sortir du « chaos » et, au bout d’un mois et demi d’occupation, tirer à balles réelles pour nettoyer d’abord Pékin puis la place Tiananmen, puis exécuter ou emprisonner tous les animateurs saisis. Impossible d’évaluer le nombre de morts, estimé par recoupements des témoignages entre 1000 et 3000. Encore aujourd’hui il est impossible en Chine d’évoquer tout ce qui est lié à Tiananmen.
Excellents trois documentaires précis, deux de 55 minutes réalisés à partie des Tiananmen Papers, puis un de 55 minutes, inédit, sur l’engagement de l’une des premières figures d’animation du mouvement, Liu Xiaobo, revenu d’urgence des States à Pékin, puis qui a décidé deux fois de rester, avant de mourir après 9 ans d’emprisonnement, pendant lesquels il a écrit des caisses de manuscrits depuis disparues.
Voir et revoir ces trois documentaires, vivants et clairs, … pour savoir et objectiver l’histoire.
Bon, qu’en est-il depuis ? Les gouvernements chinois ont verrouillé le système en ce qui concerne l’information tant totalement avec intelligence en interne qu’autant que possible en externe. Ils ont redouté par dessus tout que se reproduise en Chine ce qui est arrivé en Russie avec un Gorbatchev, donc que le Parti se délite et ne contrôle plus l’évolution du Pays. MAIS, comme chacun sait, Deng Xiao Ping, disposant alors de tous les pouvoirs, a ajusté la politique par « peu importe la couleur du chat pourvu qu’il attrape les souris, donc enrichissez-vous », vivez de plus en plus à l’aise en contrepartie de la privation de libertés nécessaire à la pérennité du système de pouvoir, capable de hisser tout le Pays, ses populations, à redevenir l’Empire du Milieu.
Xi Jinping, son successeur, continue cette gigantesque partie de jeu de Go, sur laquelle je reviendrai, en maîtrisant encore plus le système par la présidence à vie, et en dépassant le projet de redresser de son prédécesseur, par le projet affirmé à la face de cette planète d’être la première puissance mondiale. Ainsi l’humiliation profonde infligée des décennies fin du XIXème et début du XXème par les puissances occidentales d’alors, sera définitivement effacée donc dépassée.
Quiconque a eu affaire durablement avec des asiatiques sait d’abord qu’il est vital qu’ils ne perdent pas la face, ensuite que ce sont de durs travailleurs qui savent depuis des millénaires jouer le temps. Entre autre stratégie, les dirigeants chinois ont su encourager, développer, une large classe moyenne, sur un damier élargi où toutes les catégories ont leur place, à condition de rester loyale à la nature du système, du gigantesque clan. Personne n’a faim, tout le monde a sa maison ou son appartement, il voit ses moyens de vivre dignement progressivement s’améliorer, s’il tient son rôle selon ses capacités. Actuellement, est progressivement mis en place, selon un processus d’expérimentation, la pratique du « crédit social », où toutes les « bonnes » actions loyales donnent droit à des « bons » points, et où tous les actes décalés par rapport à l’éthique dominante (exemple traverser la rue hors des clous) retire des points. Plus on gagne de points, plus on dispose individuellement de degrés de liberté dans le cadre des règles collectives, … et l’État en est concrètement capable en utilisant systématiquement (pas de faille, ou si peu) les progrès des nouvelles technologies, … caméras partout et algorithmes adéquats.
Pour tenir compte une nouvelle fois de la science fiction, dans le Successeur de Pierre, Jean-Michel Truong décrit nettement la différence entre l’horreur des conditionnements masqués à l’Occident, et la gestion plus intelligente et efficace (toujours le jeu de Go) en Extrême-Orient.
Ce qui s’est passé à Tiananmen pourrait bien se passer (évidemment un peu différemment) par chez nous. Ensuite ? Ce sera selon les systèmes de gouvernance que nous choisirons. Choisir ? Sans projet qui nous dépasse et nous meuve ?
Michel André Vallée 5 juin 2019
Le jusqu’auboutisme dans l’absurde du colonialisme castillan
Examinons les décisions prises, ces dernières semaines 21, 22 et 23 de cette année 2019, par l’Espagne envers les dirigeants « prisonniers » et exilés de l’indépendantisme catalan.
En résultats des élections aux « législatives » espagnoles du 28 Avril, quatre des principaux leaders indépendantistes « en prison » (Oriol Junqueras, Jordi Sanchez, Jordi Turull, Josep Rull) ont été élus députés et un (Raül Romeva) sénateur.
Un des premiers actes des Cortés (le Parlement espagnol) a été de suspendre par vote ces quatre députés catalans, et le Sénat espagnol a fait quelques jours après de même envers le sénateur catalan !
Rappelons que fin Mars, quarante et un sénateurs français (de tous Partis et Régions) ont formellement demandé à l’État français et à l’UE d’arrêter le désordre, le gâchis causé par l’Espagne avec sa violation des droits civiques, … entrainant immédiatement une opposition-réprobation violente tant dans les termes que la démarche diplomatique de la part de l’ambassade d’Espagne en France. En cohérence avec d’autres interventions de cette ambassade ces toutes dernières années.
Enfin, des politiques français (mais pas l’establishment aux manettes) disent, clairement tout en restant dans les cordes du « convenable », que cela a trop duré. Seuls auparavant, quelques médias et personnalités françaises avaient « osé » condamner un déni inadmissible de démocratie. Ce n’est qu’un cas parmi tant d’autres de même nature ces dernières années (les constats et témoignages sont en abondance sur des supports de dorénavant quasi toutes tendances).
Suite : en résultat des européennes du 26 mai, deux leaders indépendantistes exilés sont élus au Parlement européen, Carlés Puigdemont et Toni Comin. Ce 29 mai, jour d’installation à Strasbourg des élus européens, les deux élus catalans se sont vus interdire d’entrer au palais du Parlement, donc de pouvoir commencer à exercer leur mandat, sous prétexte de conditions de sécurité, et en fait sur décision politique du Président sortant du Parlement, Antonio Tajani et de son secrétaire général, Klaus Welle, tous deux membres du PPE !
À Madrid, le procès des leaders du mouvement indépendantiste catalan « prisonniers politiques » en prison vient d’entrer cette semaine dans sa phase terminale. Toutes celles et ceux qui suivent ce « procès », dont de nombreux médias journaux et sur la toile, ont bien compris depuis son début (et même depuis l’arrestation officielle des « prisonniers politiques ») qu’il est sans fondements, et que le système judiciaire espagnol a été incapable de rassembler les preuves liés aux objets de l’accusation, tant en ce qui concerne la sédition que des malversations financières. Les faux témoignages avancés par des policiers et militaires ont même été retournés ! En fait pas étonnant compte tenu de l’option de non-violence et de négociation traditionnelle de la culture catalane.
Rappelons que depuis les suites du 1er octobre 2017, le processus judiciaire et politique engagé par l’Espagne a été formellement dénoncé et condamné en Allemagne, en Finlande, en Suisse, au Danemark, au Portugal, en Slovénie, tant en Angleterre qu’en Écosse, au Québec, … et que la semaine dernière l’ONU a demandé à l’Espagne, après une instruction sans appel contre les pratiques de l’État espagnol, la libération immédiate des « prisonniers » qui en droit ne devraient depuis le début pas en être, qu’ils soient indemnisés, et d’engager une enquête complète et indépendante des droits floués ces dernières années ! Immédiatement, l’Espagne a exigé le retrait de l’habilitation de deux des membres du groupe d’experts de l’ONU !
Rien n’y fait, ce Tribunal, sans preuves, vient cette semaine quand même de confirmer la demande de condamnations à des 15 à 25 ans de prison !?
C’est là, sans exagérer, typique de la même rage cruelle, vindicative et perverse qui a, sous la dictature Franco, condamné à être garrotté trois ou quatre fois (si mon souvenir est correct) le dernier des basques qui a été exécuté. Raideur extrême d’un système.
En soi, quelle monstruosité gratuite que d’utiliser le garrot pour les exécutions capitales, provoquant une très longue et douloureuse agonie !
Pendant ce temps, certes l’article (abusivement mis en œuvre) 155 a été levé après le remplacement de Mariano Rajoy (PP) par Pedro Sanchez (PSOE), mais toutes les restaurations de la privation de l’autonomie de la Generalitat de Catalunya ne sont pas encore effectives, les freins ont été poussés au bout du bout, … et les exactions et difficultés « gratuites » auprès de maires et particuliers continuent au plan local, tout juste adoucies et moins visibles depuis l’arrivée au pouvoir de Pedro Sanchez.
De tout cela, en sont complices non seulement le système de pouvoir, dont la royauté mise en place par Franco, espagnol, mais aussi de ce côté des Pyrénées le gouvernement et la partie « aux ordres » de la presse française, et plus général la CE et les Présidents tant de la Commission de Bruxelles que du Parlement de Strasbourg.
Question, le prochain Président de ce Parlement qui va être coopté donc élu par une nouvelle majorité (encore à constituer) va t’il modifier dans le sens de la démocratie cette attitude, et jusqu’où ? Avec quelles répercutions en effet domino ?
En attendant, j’ai eu l’opportunité vendredi 24 d’emmener quelqu’un à l’aéroport international d’El Prat de Barcelone, tôt le matin. Disposant de temps, je suis rentré en France en passant par plusieurs lieux que je souhaitais revoir. Un des traits qui m’a frappé, sans parler du dynamisme évident de Barcelone, est l’activité locale dense tant industrielle qu’agricole dans tout le Pays. Les gens travaillent, ce Pays a et développe une âme spécifique, … là où dans de plus en plus d’autres Pays, dont à l’évidence la France (passée du 5ème rang mondial à entre 15ème et 40ème selon les critères), tant déplorent l’état de dégradation.
C’est le même constat à chaque déplacement que je fais « au Sud » (de la Catalogne), … et cela rejoint tant de constats d’économistes et sociologues internationaux sérieux, dont nous pouvons disposer.
Bien entendu, il est possible de comprendre au premier regard pourquoi l’Espagne actuelle (dont les constitutions des diverses « provinces » sont diverses ?) ne veut à tous prix pas « perdre » ce « territoire » ; c’est elle qui ne veut pas perdre de l’exploiter comme une de ses dernières colonies, … et non l’inverse du procès d’intention non fondé que les catalans ne veulent pas partager leur richesse.
Alors, si là est la vraie motivation de l’establishment castillan, car c’est au regard de l’histoire la culture de la Castille et de ses « conquistadors » qui a imprégné comme une sorte de pensée unique la quasi intégralité de cet establishment là, … comment la gouvernance espagnole n’a t’elle pas compris que la Catalogne indépendante pourrait être son meilleur allié économique et culturel, … au lieu de la repousser aux yeux de tout un peuple (dorénavant un 50 % réel régulièrement croissant) ?
Non, certes, la motivation économique existe, mais les motivations identitaires de fond sont autres. En 2019, en plein processus de refondation de l’Europe pour redresser la tête dans une mondialisation qui la noie, la représentation collective castillane est bien archaïque, … et absurde. No pot durar.
Et la Catalogne indépendante pourrait bien être une des entités exemplaires de reconstruction attendue de cette Europe.
Michel André Vallée 2 juin 2019