En ce temps de mutation de civilisation, marqué par les prises de conscience des complexités, de la complexité, du complexe (Edgar Morin), dont des moindres sont bien la coexistence intriquée de mondes physiques différents (Stephen Hawking) ou la multiplicité imbriquée en transformation permanente des centaines de milliards de cellules de nos cerveaux, … parmi un des constats qu’il est difficiles de penser est bien celui de la perduration de la dichotomie !
En effet, en sociologie et en économie, et donc en politique, il y a ceux qui exploitent et ceux qui sont exploités. Ceux qui exploitent sont une toute petite minorité, les vrais détenteurs de la puissance de l’argent, avec tous leurs « hommes de main » ou serviteurs plus ou moins conscients de l’être de nature très diverse ( militaires, juristes, comptables, médecins, employés, logisticiens … politiques … marrons). Ceux qui sont exploités sont tous ceux qui sont en statut de dépendance envers les premiers, qui produisent la richesse de ces derniers par leur peine même si ce qu’ils font finalement leur plaît (loin d’être le cas pour le plus grand nombre), et qui s’il n’y avait par cet accaparement seraient collectivement bien plus à l’aise par la juste répartition des fruits du travail sur la nature.
On parle d’élite. En 2019 « élite » est devenue la part de la population pensant et se comportant visiblement « hors sol », de plus en plus déconnectée de celles et ceux « qui n’en sont pas », « qui ne savent pas », « qui n’ont pas compris », … ce qui en soi est un déni collectif du pourtant simple bon sens. En effet la dichotomie s’est cristallisée à un tel point que la vraie élite disons intellectuelle s’est scindée en deux, ceux qui ont choisi « d’en être » et ceux qui ont choisi de demeurer humanistes, sociaux (encore « partageux » donc), conscients et respectueux de la nature, non déconnectés de cet ensemble « complexe » des réalités.
Pendant des siècles, au fil de l’histoire de ce temps de cette humanité (« cette » car plusieurs hypothèses sérieusement instruites qu’il en a existé d’autres « avant » les derniers grands cataclysmes), c’est développé un long temps de capitalisation, de constitution progressive de l’ensemble des connaissances disponibles, … en même temps que la construction par étapes de toutes nos infrastructures matérielles. C’est donc dégagée progressivement une part de plus en plus importante et diversifiée d’élite intellectuelle, utile et nécessaire à tous et au bien commun, … aux côtés des chefs, des dirigeants souvent issus des guerriers comme un Dumézil l’a si nettement expliqué. Certes il y a eu de nombreux tyrans et pourris, très nombreux, mais de plus en plus pondérés par cette dense élite et par l’élévation du niveau d’éducation de la masse dite populaire.
Dans d’autres zones de cette planète, il n’y a pas eu de masse mais des clans, des peuples moins nombreux qui se sont institués des rituels collectifs divers marqués par le bon sens de l’adaptation aux environnements.
Mais là, pris dans une mondialisation « décompléxée », les nervis du Deep power dominant ( ces derniers tentant de rester relativement discret), sont donc devenus « hors sol ».
Et il est devenu plus transparent que jamais qu’ « ils » sont alliés aux grands possédants conservateurs.
Il y a donc dichotomie entre :
- d’une part les exploitants réactionnaires, conservateurs, grands possédants, souvent machistes, voire fascistes, gravement intolérants, et tous leurs affidés dont une partie de l’ancienne élite, … et …
- d’autres part le plus grand nombre de celles et ceux (dont l’autre partie de l’ancienne élite) humanistes et démocratiques entre eux, motivés par une vie individuelle et collective en accord avec la nature et le bon sens des réalités, attentifs à une continuité saine des progrès en sciences et en économie.
Les premiers sont imprégnés par les mafias, les autres en partie consomment les offres des « vices » (drogues …) et enrichissent là aussi les premiers.
Nous savons que le Mal tout comme le Bien sont des construits sociologiques, sous-éléments des morales. La dichotomie n’est donc pas là, … même si fonctionne encore pour beaucoup « l’opium du peuple ».
À l’heure où les matérialités rejoignent et se tissent avec les spiritualités (quantique, neurosciences, conséquences anticipées des IAs, écologismeS …) ce n’est plus le fond philosophique.
De quoi alors retourne cette dichotomie ? Comment perdure t’elle ?
Michel André Vallée 10 juillet 2019