C’était hier soir (samedi 28 décembre 2019) sur ARTE entre les actualités et le film (documentaire consacré au Yellowstone). Cela se passe en Virginie Occidentale, un des États des States au milieu des Appalaches.
Les acteurs sont des familles de mineurs de charbon depuis des générations, y travaillant dans des conditions parmi les plus dures concevables souvent 10 heures par jour (primes) 6 jours de la semaine. Je n’ai connu de semblables que les mines d’enfants en Bolivie ! Le reste du temps consacré exclusivement à la famille et la chasse dans la forêt le dimanche. Presque tous meurent jeunes de la silicose ou encore plus jeunes d’un accident. L’accident peut arriver à tout moment car les conditions de travail rappellent celles décrites en Angleterre ou au Nord de la France (et ailleurs) au milieu du XIXème siècle, et en fait pires. En effet la mine est creusée avec entre le plancher et le plafond la hauteur tout juste suffisante pour progresser sur les genoux, courbé, ou pour le passage d’un wagonnet plat ou l’homme reste couché sur le dos ou le côté ; il ne se redressera qu’une fois le wagonnet sorti de l’entrée de la mine (qui n’est pas plus haute), à l’air libre. Les femmes y sont femmes de mineurs, rien d’autre, assurant la vie au quotidien du clan, dans l’angoisse permanente de l’annonce de l’accident, et impuissantes devant le constat des poumons de leurs hommes qui s’encrassent. Eux le sentent bien quand ils respirent, savent ce qui les attend. Pas de douche à la sortie, c’est aux frais du foyer de l’ouvrier, comme si souvent aux States où il est « normal » de tout payer. Pas le temps de lire un livre, de voyager, d’étudier, de s’investir dans quoi que ce soit. Les bourgs proches sont abandonnés et désertifiés. Les effectifs publics réduits à moins que le minimum ou inexistants.
Depuis des lustres, 80 % du territoire appartient aux Groupes miniers, qui exploitent de plus en plus à ciel ouvert pour réduire les coûts, donc rasent les collines et bien entendu laissent en état. Toutes les eaux sont sévèrement polluées pour des générations. Tout est bon, avec une violence brute sans nuances, pour accaparer les terrains permettant d’étendre les surfaces exploitées, donc pour chasser les habitants. Ceux qui résistent risquent tout, dont la mort bien entendu, et n’ont pas les capacités de payer un avocat. Rarissimes celles et ceux qui essaient, dont quelques indien(ne)s apalachees, pour l’honneur. Les propriétaires des Compagnies y sont « entre soi » avec les politiques depuis toujours ; en conséquence aucun dossier n’émerge.
Bien évidemment, l’actuel Président Trump est bien considéré, car « c’est un gars simple, qui parle comme nous, qui est devenu milliardaire par son travail, qui pourrait entrer là dans la cahute serrer la main et manger un morceau, Merci Trump de n’avoir pas fermé … » ; alors que « Clinton et les autres sont des prétentieux de la haute ». Il est vrai que ledit Trump s’exprime « comme en bas de la colline », si on fait référence au film « Au nom de la rose », donc …
Je ne continue pas, visionnez en replay. Car cela se passe non dans certaines zones d’Afrique ou d’Indes ou d’Amérique du sud, mais pas loin de Washington, dans le pays de cette monstruosité, tant pour les « américains » que le reste de la planète, qu’est « l’american way of life ». Témoignage choc de ce que génère un système socioéconomique et culturel sans éducation « vers le haut », soigneusement maintenue « en bas du bas ». Elles-ils se demandent quand même : « comment après avoir donné au Pays tout le charbon qui a fait sa richesse restons nous si misérables ? ».
Merci, cher Michel, pour cette émouvante et forte recension d’un documentaire que nous allons nous empresser de regarder – et aussi de signaler!
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Pour information, voici la présentation de ce documentaire sur le site d’ARTE:
« Fidèle à sa promesse de relancer l’industrie du charbon aux États-Unis, Donald Trump a assoupli la réglementation et permis d’en augmenter la production. Un espoir pour les mines et l’économie de la Virginie-Occidentale. »
!!!
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