NON, … DONC OUI

Tant d’acteurs disent haut et fort que la sortie de confinement doit permettre un monde qui ne sera pas « comme hier, ni avant-hier »,  …alors nos propositions :

Non à tout absolutisme

Non à toute pensée unique, qui formate avec exclusivité

Non au néolibéralisme mondialisé

Non à tout Traité international, et à tout accord commercial international, à l’évidence déséquilibré en faveur d’une entité géopolitique aux dépends d’une autre

Non à l’UE de Maastricht, du Traité de Lisbonne, et au maintien de l’économie de marché dans sa Constitution

Non à la saturation spatiale tant à objet de recherche et d’observation  ou militaire

Non aux alliances militaires  de mise en dépendance d’une entité géopolitique par une autre (OTAN, Pacte de Varsovie …)

Non à l’armée exclusivement de métier

Non aux privilèges de castes

Non aux statuts et/ou charges transmissibles d’une génération à l’autre

Non à toute forme d’esclavage, évident ou masqué

Non à tout État religieux, à toute théocratie

Non au prosélytisme religieux

Non à l’exploitation outrancière de la nature

Non à l’ingénierie climatique

Non aux pesticides, et aux usages chimiques dégradant l’environnement et l’écosystème

Non au nucléaire en tant que ressource d’énergie, et au non-traitement massif de ses déchets ou à leur utilisation masquée

Non à toute dégradation gratuite de l’écosystème ou de biens

Non à toute forme de mafia comme État providence de substitution

Non à la maximisation de la rentabilité financière court terme

Non à l’acharnement dans la réduction des coûts

Non au démarchage commercial intrusif, dont téléphonique

Non à l’usage et au commerce des drogues dures et chimiques, sauf obligation médicale (dont lutte contre la douleur)

Non au gaspillage de ressources, des énergies

Non à la chasse pour le seul plaisir

Non à la chasse sous prétexte d’approvisionnement en aphrodisiaques

Non à la pêche industrielle qui ne tienne pas compte de l’équilibre des ressources, ou à la pêche sans consommation de l’intégralité de l’animal

Non à une médecine ignorante et fermée aux autres médecines connues et pratiquées sur cette planète

Non à la vaccination obligatoire, sauf pour certains Pays dont le système de santé reste déficient

Non à la négation et pire l’anéantissement de l’herboristerie, de l’homéopathie et de l’acupuncture

Non à toute autorité gratuite

Non à l’intolérance de ce qui est différent de ce que l’on apprécie

Non à l’académisme conservateur et stérilisant des enrichissements de pensée

Non au machisme

Non à l ‘individualisme systématique

Non à l’égalitarisme systématique

Non à l’aliénation de quiconque et à l’exploitation d’autrui

Non à la vulgarité ,… sauf en cas d’humour mode chansonnier, ou au besoin du théâtre

Non à la bigoterie, tout comme non à la pornographie d’aliénation

Non à la pédophilie

Non à tout ce qui abaisse, dégrade

Non aux manipulations d’autrui

Non à la lâcheté

Non au laisser-aller, à la veulerie

Non à la non-qualité dans le travail et dans les activités

Non à l’obsolescence programmée

Non à la persistance inutile, surtout si elle nuit à autrui et résulte de l’orgueil

Non à la tromperie

… partant

Oui à l’humanisme

Oui à la connaissance partagée des autres cultures de groupes humains, … et animaux

Oui à la responsabilité sociale vers le bien commun

Oui à un statut minimum de dignité pour quiconque

Oui à la propriété et gestion publique des activités d’utilité publique

Oui à l’économie au service de l’humain, du progrès social, de l’harmonie autant que possible avec l’écosystème, … et non l’inverse

Oui à des conditions strictes d’exercice du lobbying, limité à l’information de présentation

Oui à une Europe-État Fédérée intégrant les Régions-États porteuses de leur identité culturelle, totalement hors dépendance de tout autre entité géopolitique

Oui à l’armée complétant conscription et métier, pour notre entité géopolitique intégrée au plan de l’Europe

Oui aux activités de renseignement, sous contrôle régulier des instances supérieures de l’Assemblée des représentants du peuple et de l’État, sous conditions de confidentialité bien entendu.

Oui au respect des connaissances, à la recherche en toutes matières, et à leurs enseignements

Oui au livres et ouvrages imprimés, malgré le développement du numérique, et oui aux bibliothèques et musées  (mémoires, protection/éventuel black-out électrique)

Oui au respect des religions dans l’obligation du respect des autres religions

Oui à l’exemplarité des pratiques des croyances dans le respect de celle des autres croyances

Oui à la propriété de son logement pour tous

Oui à la chimie utile en médecine en l’absence de soins naturels disponibles

Oui au nucléaire de recherche et aux usages en médecine, en l’absence de possibilités naturelles

Oui au nucléaire militaire de défense, tant que nécessaire à la dissuasion

Oui à la protection des environnements par les sites industriels, puis à la reconstitution des sites au terme des exploitations industrielles

Oui à l’agriculture raisonnée, et/ou à l’agriculture écologique

Oui à la chasse raisonnée, dont pour se nourrir si nécessité

Oui à la pêche raisonnée, sans mettre en danger aucune espèce

Oui à la complémentarité et au nourrissage réciproques des différentes médecines connues et pratiquées sur cette planète

Oui au développement de l’homéopathie, de l’acupuncture, et de l’herboristerie

Oui à une médecine et une inspection du travail de qualité disposant des moyens d’exercer librement

Oui à l’égalité des chances et à l’ascenseur social, du plus humble au plus élevé

Oui au développement de la part collective dans l’éducation des enfants, compte tenu des connotations de tous les autres « oui »

Oui au développement des talents et dons de chacun

Oui à l’expression de soi, en soi et au service du bien commun

Oui au travail, et à l’effort qui ennoblissent

Oui à la musique, à toutes les musiques … sauf la musique-bruit

Oui à l’érotisme et à la circulation de désir dans les relations

Oui à tout ce qui grandi, magnifie

Oui à l’intelligence dans les relations avec autrui

Oui à la curiosité, à l’innovation, à la création

Oui au courage et à l’audace

Oui à l’authenticité, au respect de la vérité

Oui au respect de ses engagements, et à l’élégance de ses actes

Oui à l’autodiscipline

Oui à la générosité, et à l’hospitalité si nécessaire

Oui à savoir accepter et se satisfaire de ce que la vie nous donne

Oui au zèle et à l’application, à la qualité dans le travail et les activités

Oui à la persévérance, même dans les situations désespérées

Oui à assumer ses idées, engagements, actes et paroles

Oui aux coopérations de développement « vers le haut »

Oui à la négociation, si utile au dépassement des surcoûts d’un conflit non fondé

Oui à la beauté

 … une liste « à la Prévert » peut avoir du bon.

Mireille et Michel André Vallée                   26 avril 2020

Et oui, nous y sommes, … presque.

Le roman de science-fiction Le Successeur de pierre a été publié chez Denoël en 1999, et a obtenu en 2000 le Grand Prix de l’Imaginaire. Une métaphore frappante proche d’un dramatique devenir imaginable de nos deux sociétés, de dominance occidentale et de dominance chinoise. Il est certes bien moins connu que Solent Green ou Le Meilleur des Mondes, … mais il est utile de savoir que son auteur, Jean-Michel Truong, né en Alsace en 1950, d’abord enseignant-chercheur après des études de psychologie et de philosophie, a fondé la première société européenne d’intelligence artificielle (IA), avant de bien la revendre puis de s’installer en Chine comme conseiller d’entreprises de haute technologie.

Deux héros, un expert de l’informatique au top des meilleurs hackers, mais prisonnier comme presque tous de sa bulle dans l’une des cités pyramidales géantes où nous autres humains nous sommes laissé enfermer, … et un sauvageons libertaire, qui circule librement dans ce qu’il reste de la nature (au moins aussi dégradée que dans Solent Green), guerrier hyperdoué qui échappe aux razzias régulières des polices anti-dissidents, et qualifié de « terroriste ».

La large majorité des humains survivent donc dans ces bulles d’à peu près une pièce, super-équipée en terminaisons d’une gigantesque IA, laquelle répond aux besoins divers par des services dont la qualité est instantanément adaptée à la conformité des prestations de chacun à ses exigences. Pour la nourriture, facile à imaginer ; pour les rapports sexuels, le partenaire nécessaire se reconstitue dans la cellule le temps adéquat par téléportation (moins douloureux que dans Hypérion et Endymion de Dan Simmons).

Une élite restreinte vit, quant à elle, confortablement avec toutes les prestations 5 étoiles dans une zone assez vaste pour donner l’illusion des grands espaces et des saisons, donc non seulement hors sols comme nos gouvernances d’ici et maintenant, mais carrément déconnectée, totalement sécurisée. Celles et ceux-là ont compris, savent, « en sont », partageant une pensée unique qui ne se discute pas. Ceci pour la partie sous dominance occidentale.

Dans la partie sous dominance chinoise, la majorité des citoyens sont solidaires d’un système organisé sur un mode non confiné, chacun(e) disposant de bien plus de marges de manœuvre au quotidien, dans le respect du Dirigeant Premier, un Sage ancien qui a su préserver pour son peuple cette autonomie, donc dévoués au Parti. Là, pas besoin d’une élite hors sol, elle l’est de soi, chacun à sa place.

Le lecteur a déjà saisi les parallèles avec un état sociétal où nous en sommes … presque.

La planète est en train de se restructurer selon deux grands systèmes politiques et organisationnels ; il ne manque que quelques étapes pour que nous nous réveillons, déjà dedans sans plus y pouvoir mais … ou presque. Simplement, nous ne savons pas encore de quel côté va basculer l’Europe. Pour l’Afrique, les jeux en cours semblent indiquer l’Est.

Nous sommes déjà quasiment suivis à la trace, et bientôt serons équipés avec la prochaine génération de mobiles, distribués ou quasi-gratuits s’il le faut, par laquelle toutes communications et transactions devront passer.

Le confinement, nous sommes en train de l’expérimenter avec l’épisode Covid-19. Évidemment que les sociétés d’Intelligence aidées de systèmes algorithmes observent, enregistrent, nos façons de nous adapter, apparemment « pas si mal que cela ». Pas besoin d’immeubles géants comme dans le roman, le processus peut fonctionner tout aussi bien dans les maisons individuelles, si tous les logements sont suffisamment domotisés. En France, le Linky est un exemple parlant de pré-étape de cet état.

Une part non négligeable des populations trouve d’ailleurs un certain plaisir immédiat à être quasi intégralement « pris en charge » sans effort apparent, … devenue incapable de percevoir à quel point elle est mise en dépendance ; la « flemme » présente une potentialité redoutable pour les technocrates du haut du panier. La peur du non-sécuritaire justifiera la judiciarisation des organisations adéquates.

Quant à la zone sous dominance chinoise, la culture ancestrale partagée paradoxalement porte l’adhésion collective à un Parti unique. Cette orientation saura s’adapter et évoluer pour achever de construire un système spécifique distinct du système néolibéral opposé devenu totalitaire.

Kai-Fu Lee a publié en 2018 (2019 pour la traduction française) I.A. La plus grande mutation de l’histoire, aux Éditions « les arènes ». Clair, précisément instruit, sans appel. Il a travaillé dans les meilleures structures « américaines » avant d’être un des principaux développeurs de l’I.A. en Chine.

Hier soir, dans les dossiers du mardi de ARTE, trois documentaires qui actualisent là où nous en sommes de la reconnaissance faciale, des développements actuels et attendus de l’I.A., et de la haute fréquence de la finance par les robots traders. Celui sur l’I.A. est un peu « romantisé » quant aux illustrations. MAIS il nous informe que les systèmes I.A. en cours de perfectionnement sont déjà capables de se développer par eux-mêmes et que la marge d’autonomie qui nous reste à nous humains (aux plus doués et compétents des humains) est d’orienter dans le sens de nos éthiques leur « motivation » pour continuer.

Le principe de réalité nous dicte que si sur une chaîne de télévision grand public, « on » nous en parle, même sur ARTE, cela signifie que c’est déjà fait, … partant que nous ne pourrons faire autrement que d’en assumer les conséquences.

La flemme de changer, c’est fini, sauf à choisir de redevenir esclaves (ex-moujiks et manants, sans-dents ou riens de tous poils) ; l’effort permanent tant individuel que collectif est devenu incontournable si nous choisissons une nouvelle forme d’autonomie en coopération avec nos robots. Kai-Fu Lee a bien choisi dans son titre le mot « mutation », comme tous les penseurs qui voient loin, des Hawking, Morin, etc …Chaque mot est pesé, … et les robots ne rigolent pas.

Sujet inspiré par Mireille Vallée

Michel André vallée              22 avril 2020

Je me suis réveillée. dans le scénario du Successeur de pierre.

La perte de liberté de se déplacer, de choisir ses compagnons, qu’il n’est même plus possible de rencontrer en chair et en os, de penser et d’inventer, même d’imaginer…

La perte de pouvoir faire, créer, donner et recevoir d’un autre humain …

Sauf par ce que le système (les quelques-uns qui profitent), veut bien nous donner en fonction de SES désidératas et de SES intérêts.

Le système nous fera disparaître le jour où nous deviendrons inintéressants.

Mireille Vallée

Délire géopolitique

Chine et Etats-Unis Le choc du XXIè siècle, thème auquel est consacré le N° spécial 170 pour avril 2020 de Manière de Voir, revue du Monde diplomatique. Comme à l’accoutumée pour d’autres thèmes, Manière de Voir fait un tour instructif et actualisé de cette grande question géopolitique, majeure puisqu’il s’agit d’une redistribution pour longtemps des pouvoirs sur cette planète.

Redistribution pour longtemps, à une période où tout s’accélère, une étude d’astrophysique récente constatant jusqu’à une accélération du temps cosmique ? Au moins jusqu’à ce que l’Afrique ne « s’éveille » à son tour (allusion au fameux titre de Alain Peyrefitte concernant la Chine) et redistribue les cartes, mais c’est pour un peu plus tard. Sauf que justement les Etats-Unis essaient d’y remplacer les deux vieux Empires de la Grande-Bretagne et de la France, … mais que c’est la Chine qui dans un habile jeu de Go qui voie loin remporte la mise pion à pion. Les chinois certes y placent les nouveaux États africains en dépendance relative, mais investissent dans des infrastructures de développement, pour des décennies, y créent des compétences, passent des accords durables, quand les « américains »  ne laissent toujours au terme d’une période d’exploitation-aliénation, que des sites abandonnés derrière eux, tout y étant épuisé (ce qu’ils font d’ailleurs aussi habituellement sur leur propre territoire, après avoir mené sur les « peuples premiers » un des génocides les plus « réussis » de l’histoire de l’humanité !).

Choc du XXIè siècle, pour reprendre le concept développé par Naomi Klein, vison du « choc » juste puisque la mondialisation basée sur les marchés (et non sur les développements des peuples et des nations) selon les principes de l’OMC « si bien » promus par Pascal Lamy & al, est nettement ces dernières années mise en échec. Deux ensembles de domination dorénavant semblent se structurer : la Chine n’a pas achevé de retrouver son statut d’Empire du Milieu et a annoncée en clair son ambition de tenir la place principale, quand les États-Unis porteurs du néolibéralisme ne connaissent que la stratégie du choc. Nombreuses sont les études de sages et/ou d’experts qui développent sous tous les aspects tout cela. Toutes les grandes Centrales de renseignement travaillent en permanence à l’analyse et la prospective des divers scénarios possibles.

Et l’Europe ? Cette vieille Europe qui a envoyé aux Amériques les « surplus » de tous les peuples de ses nations et mis sous le joug les civilisations précédentes, puis a imposé à la Chine, pourtant toujours en avance depuis trois millénaires, l’humiliation écrasante que l’on sait dont cette dernière est en train d’achever de se relever. Se faisant d’ailleurs, cette si belle Europe a généré l’empire des drogues, à partir de l’opium, comme la série documentaire Histoire du trafic de drogue diffusée en mars dernier par ARTE l’a si clairement montré. Cette Europe a essayé après guerre de se refaire une jeunesse, par la construction de l’UE, … mais a échoué à profiter de l’opportunité de repartir à zéro devant tout reconstruire : enterrement de la Communauté Européenne de Défense, dépendance des States avec les engagements dans l’OTAN, traité mortifère de Maastricht, référence en bonne place de l’économie de marché dans ses textes fondamentaux, échec de l’opportunité d’une avancée Fédérale non-alignée (tentée en son temps par un Tito) avec l’implosion du soviétisme et la chute du Mur, trahison des référendums de plusieurs de ses peuples (dont ceux de France) par le Traité de Lisbonne, … j’en passe. Un Président américain disait à juste titre : L’Europe, quel N° de téléphone ? L’UE est devenue, seule puissance (elle est toujours le premier marché mondial) à respecter les principes de libre-échange et à renoncer au protectionnisme, une passoire. Ses soi-disant « élites » ont été, patiemment au fil des décennies car on n’attrape pas des mouches avec du vinaigre, formatées à la mondialisation néo-libérale et à la pensée unique apprise à la Trilatérale et Bilderberg. L’infernal couple Thatcher-Reagan a accéléré le processus, jusqu’à la récente période « décomplexée » avec le début du XXIème. Il y a longtemps qu’un haut fonctionnaire français, sous le pseudonyme de Casamayor, a pré-décrit par plusieurs romans-documentaires le pouvoir des lobbies et des grandes multinationales sur des soi-disant « dirigeants » politiques, pouvoir tel que notre CE s’est carrément couchée sous leur influence. Le CETA après le TAFTA est rejeté par la porte, ils rentrent pas la fenêtre. Ce qui n’empêche pas la même CE de reprendre, discrètement, une attitude néo-colonialiste en passant quantité d’accords de libre-échange bilatéraux déséquilibrés avec l’Afrique et l’Amérique du Sud.

Pourtant, cette situation des Pays de l’UE est ressentie douloureusement par une proportion de plus en plus importante des populations. Les « élites » qui ne se sont pas laisser embrigader dénoncent cet état des choses. Mais les entreprises contrôlant la majorité des médias grand public font tout pour dénier, remplacer, modifier … bref manipuler l’information, en plus d’assurer la version moderne de « du pain et des jeux ». Ce bras armé de la majorité des pouvoirs actuellement en place « explique » ce que la « masse » doit savoir et comprendre. La dégradation en est à tel point que les anciennes recettes dignes d’un Goebbels sont de plus en plus ostensiblement utilisées. Néanmoins on ne contrôle quand même pas aussi aisément une large classe moyenne cultivée et des population qui aspirent à sortir des stress et mieux vivre, … à l’heure où au delà du transistor, la toile serrée d’internet met à disposition de tous non pas tout (loin de là) mais tant de choses, et permet tant de « partages ». Aussi, au sein de cette vieille Europe la contestation est croissante, déborde les minorités que le système tolère, d’où une situation d’incertitude et un fort risque d’instabilité systémique. Les Centrales de renseignement le suivent et le savent très bien : partant les « dirigeants » en sont informés.

Arrive le Coronavirus Covid-19, qui ne tue pas plus de monde que des pandémies antérieures, mais freine les économies jusqu’à reconnaître début Avril en arriver au niveau de la grande dépression de 1929. Tous (presque) les acteurs déclarent que la sortie ne peut être de revenir à l’état d’hier, ni même d’avant-hier. Il est évident et reçu que le système est en bout de course, et que là est l’opportunité d’une refondation en tous domaines. Cela se passerait donc en 2020 !

Aussi, les deux puissances en « choc » étant les États-Unis et la Chine, l’UE (et non l’Europe car la vraie Europe va de l’Atlantique à l’Oural) a la possibilité de se libérer des dominations outre-Atlantique, et de ne pas passer à côté de l’opportunité de s’affirmer cette fois comme nouvelle puissance d’un monde multipolaire en redéfinition. C’est une restructuration allant jusqu’aux fondamentaux de l’éthique, utile et nécessaire, qui là serait possible.

D’un côté les États-Unis sont en crise et fortement affaiblis. Cela fait des décennies que de grands penseurs et économistes américains eux-mêmes décrivent la dégénérescence de cette Fédération (en quoi la Californie ressemble-t-elle au Texas ou à New-York ?). Cet État a toujours exploité les autres, et éliminé les opposants à sa manière de voir. Son fantasme d’american way of life consomme l’équivalent de dix planètes aux dépends de tous les autres. Pour la plupart les p’tis gars (bien sur beaucoup sont morts) qui sont venus en 44 n’étaient pas les fils de riches mais de pauvres et de noirs (comme plus tard au Vietnam), et le Plan Marshall n’était pas gratuit mais une réédition du Cheval de Troie.

De l’autre côté, la Chine n’est pas seule, mais au Milieu d’un ensemble qui comprend la Russie et une dizaine d’autres États en coopérations sur la longue durée. La Révolution est proche d’être apaisée, et l’importance de la croissance des classes moyennes est telle que les régimes ne peuvent qu’évoluer, dans le cadre d’une tout autre mondialisation indéniable qui se dessinera « autrement ». Une des références de la Chine : la sagesse, dont l’expression en organisation par le confucianisme est au cœur de son inconscient collectif. L’investissement gigantesque dans les nouvelles routes de la soie, piloté dans une vison long terme, dresse le prochain tissage. La Chine sait négocier, pratiquant depuis toujours le jeu de Go, quand les américains ne peuvent l’emporter aux échecs sur les russes qu’au moyen d’artifices méprisables (partie de Reykjavík). La Chine et ses alliés vont eux-aussi tirer enseignements de leur apprentissage de la pandémie Covid-19. Déjà la toile de liens entre Chine, alliés de la Russie, Europe, Afrique, … existe et se développe.

Entre les deux (avant que l’Afrique ne s’éveille), l’Europe, si elle savait faire sa Révolution dans une Fédération des Régions-États riches chacun de leur culture, détient encore les potentialités de tenir sa place, spécifique. Il suffirait de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain, et de développer ou réactualiser toutes les capacités tant culturelles qu’économiques, scientifiques, artistiques, de qualités humanistes et sociales  … en tant de disciplines. Y procéder en coopérations de complémentarités dans son nouveau cadre global interne. Il faudrait le faire nettement, avec force, en mutualisant nos moyens de connaissances et de défense. L’option de la laïcité, dans la diversité respectée des convictions, serait à affirmer en tant que ciment spécifique. Nous sommes sortis des guerres de religion, et de la guerre religion/État du début du XXème, et devons dépasser clairement et fermement l’actuelle offensive islamiste. Si un des États actuels de l’UE n’en était pas d’accord, qu’il en soit immédiatement possible, avec simplicité. 

Au moment où j’écris cet article, Marianne dans son N° 1205 du 17 au 23 avril publie États-Unis grosse déprime ou grande dépression. Comme je l’ai indiqué dans une conférence donnée en novembre dernier La Chine devenue première puissance mondiale … en pratiquant le jeu de Go, à quoi servent dix porte-avions avec leurs armadas, au temps des sous-marins nucléaires d’attaque, des dernières générations de missiles, … et surtout de l’Intelligence Artificielle !

Délire géopolitique, vraiment ? Nous savons ne plus avoir un seul mois à perdre en regard des enjeux éco-systèmiques. Le re-dessin (re-dessein) des puissances, partant des pouvoirs, doit avoir lieu ici et maintenant.

Michel André Vallée 18 avril 2020

CONTRE LA DÉGRADATION

Le mercredi 8 avril dernier, j’ai adressé à 17 personnes parmi mes contacts, soit une diffusion nettement plus restreinte que d’habitude, « réservée » à celles et ceux à mes yeux en capacité de recevoir un texte délicat, sensible, mais susceptibles pour l’une ou l’autre raison d’être intéressés, un article de la revue Causeur intitulé Les sous-doués passent l’agreg La chute libre. Sachant l’article nettement controversable, je ne l’ai publié ni sur le blog ni sur le mur Facebook.

En accompagnement de ce partage, le commentaire : Bien évidemment, plusieurs traits se discutent, probablement pas les mêmes de l’un(e) à l’autre d’entre nous, … et Causeur n’est pas Politis, … mais le fond me semble à la fois cause et conséquence, selon une boucle dangereuse, de l’une des facettes de la dégradation en cours dans trop de domaines. Bien évident que tant Causeur que Politis, qui occupent des places contrastées sur la palette politique, font partie de la vingtaine de supports (que je considère pertinents chacun dans son statut) où je suis abonné soit papier soit internet pour me tenir au courant. Malgré certains propos effectivement outrés, j’ai apprécié le pointage net et clair d’un phénomène de société trop rarement montré et trop souvent contourné, à mes yeux à tord.

Un(e) de mes ami(e)s a réagit dés hier 9 avril avec le commentaire suivant (un extrait):  

Réduire les universitaires à l’avachissement de leur tenue, de leur idéologie, de leur choix pédagogique, de leurs choix disciplinaires avec cet élitisme sous jacent qui fait de la sociologie ( porte ouverte aux enfants des classes populaires, souvent) le symbole du déclassement social…à vomir ce type qui vit hors sol et hors corps….Identifier les universitaires ainsi c’est d’un rare mépris …tea shirt, converses trouées, corps avachis, jambes allongées ou écartées, gouaille de poissarde, vocabulaire inadapté, prononciation négligée…en plus même pas sensible à  la poésie qui se cache dans la rhétorique de certains grands auteurs comme Rolland Barthes et j’en passe. Tout à l’ego.

J’ai remercié cet ami(e), sincèrement pour sa propre sincérité et sa réactivité qui ouvre à débat, avec quelques mots : La réserve joue en l’occurrence dans les deux sens. En effet l’éducation n’a aucun intérêt ni actuel ni à terme à dénier la dégradation du niveau général. 

Comme me l’avais commenté il y a des années un dirigeant communiste du CCE de l’AFPA de l’époque : « nous nous sommes donnés des verges pour nous faire battre ». 

Le salut n’est pas « vers le bas de la moyenne pour tous, mais « vers le haut » pour toutes et tous. Dans ma carrière, mon plus estimé « client » n’avait que le CEP, mais il dirigeait en humaniste avec une culture générale diversifiée quatre usines.

Il y a en effet débat à mes yeux utile, pour chacun(e) et pour toutes-tous.

L’auteur est évidemment en colère, et jette un cri, et il ne pointe qu’une partie des étudiants et enseignants universitaires. Son constat en effet se vérifie de plus en plus au fil des années, tant dans le niveau que la tenue, mais le problème de fond, sociétal celui-là, est dans la reconnaissance par notre système actuel de la dégradation du niveau. Plusieurs études en plusieurs disciplines en attestent depuis des années. Tant dans l’enseignement supérieur que professionnel, les accueillants des entreprises et institutions s’arrachent depuis longtemps les cheveux en constatant les trous béants de culture et de capacités à s’intégrer de plus en plus de jeunes gens qui arrivent.

C’est là évidemment un des facteurs (parmi d’autres que je pointe moi aussi régulièrement) du fait que notre Pays n’est depuis longtemps plus le 5ème mais entre 15ème et 40ème selon les thèmes. Nous ne nous distinguons plus que pour les sous-marins nucléaires d’attaque, les avions de ligne, l’agro-alimentaire et le tourisme, … quand à la recherche, trop de « bons » ne tiennent que par miracle quand bien de leurs camarades partent à l’étranger. L’important n’est pas que nous soyons 1er ou 5ème ou 20ème, mais que l’effort de chacun(e) et tous contribue à hauteur de ce qui a été investi aux avancées de l’humanité.

J’ai connu plusieurs correcteurs au bac pour savoir leur écœurement depuis des années de se voir imposer par l’inspection des modifications des notes, … pour tenir les statistiques de résultats, … fausses donc ! Comme dans les statistiques de la police ! Le corps enseignant se tire effectivement une balle dans le pied en laissant aller la dégradation et en la déniant régulièrement. Rappel :  « nous nous sommes donnés des verges pour nous faire battre ». 

En matière de sociologie, je n’ai pas remarqué qu’un Bourdieu ai encouragé au laisser-aller, mais au contraire je l’ai vu encourager les jeunes issus de milieux défavorisés à investir un sur-effort pour compenser les barrages qu’ils rencontrent : principe de réalité. Si ensuite, ces derniers elles et eux se laissent aller, il ne faut pas venir pleurer. J’ai vu aussi, pour avoir collaboré plus de dix ans avec lui, un Renaud Sainsaulieu assurer sans relâche la promotion égalitaire de tous les jeunes vers les connaissances, tant en regard de l’écosystème qu’en sociologie des organisations, de la Maison des Sciences de l’Homme à Sciences-Po Paris. Toujours un encouragement tolérant à assurer l’effort, … et simultanément une tenue qui entraîne la reconnaissance. Même constat chez un Eugène Enriquez, très attentif et exigeant, toujours dans une tolérance humaniste, à la qualité des productions et publications.

Il est juste qu’il existe un lien entre les tenues « avachies », et une attitude devant la vie au jour le jour de présence et d’effort pour valoriser dans l’étude les potentiels que la nature, inégalitaire par essence, nous a donné (tant en inné qu’en acquis). Ce n’est pas compatible, tant en psychologie qu’en sociologie ou même en philosophie. Dans les sciences dures, le problème se pose plus rarement. En management, of course no, va de soi.

De mon goût, la mode des jeans découpés et déchirés fait qu’une jeune femme n’est plus en rien sexy. Sans aller jusqu’à une Catherine Millet, voire même une Catherine Deneuve, jamais vous n’auriez vu une Jeanne Moreau ou une Barbara s’accoutrer ainsi. Une jeune femme n’a pas à être toujours sexy ? Certes, mais ne tombons pas dans une société où le désir ne circule plus, « en tout bien tout honneur » et dans le respect des sentiments de chacun(e) librement exprimables.

Quand j’étais étudiant, tous les matins à 7 H séance de judo, et reste de la journée en tenue sportive, la cravate pas obligatoire bien entendu, … mais propre.

Quand bien plus tard, j’ai été amené à assurer la médiation dans la grande grève des éboueurs de Limoges, tous avaient l’honneur de l’utilité de leur travail et assuraient une tenue en accord avec leur activité.

L’ego de ce bourgeois ! L’effort de toute une civilisation pour développer les classes moyennes fait que le statut de bourgeois « risque » de devenir majoritaire. En Chine, Xi Jinping, après Deng qui a tout fait pour, en savent aujourd’hui quelque chose, … et c’est là un des facteurs premiers qui va obliger ce système à s’adapter. Ils le savent. Quand à l’humilité juste de l’ego, elle est de se poser envers les autres selon ce que l’on est et apporte, certes ni plus mais aussi ni moins (pas de gaspillage). Venant d’un milieu des plus humbles, et m’étant hissé haut à force de travail, j’en ai 75 ans d’expérience.

Notre société a en de nombreuses matières besoin de se ressaisir. Ce trait « universitaire » en est une facette.

Michel André Vallée              10 Avril 2020

Réinventons l’humanité ?

Le titre de cet article est à peine modifié du titre de l’article de Evelyne Pieiller, Réinventer l’humanité …, dans le Monde diplomatique de ce mois d’Avril 2020, N° 793.

Tous les mois, habituellement, Les Amis du Monde diplomatique se réunissent dans la plupart des villes de France et de nombreuses villes à l’étranger pour commenter entre eux plusieurs articles du mensuel, ou organiser des conférences-débat sur des thèmes majeurs d’actualité ou sensibles. Dans le contexte de confinement, le groupe des Pyrénées Orientales procède cette fois par e-mail. Ce commentaire d’un des articles est publié aussi sur le blog de Michel.

Introduction par le questionnement des liens, du lien, entre les humains et la nature, que comme certains savent je préfère nommer Nature (avec un N majuscule). Il s’agit de notre rupture entre nous, l’humain, et le reste du monde, de notre rupture avec l’intégralité complexe de l’écosystème. C’est le vrai problème N°1, avant même la surpopulation pb. N° 1 pour l’ONU. La rupture avec la nature, méga-problème que nous humains avons généré, tissé depuis plus d’un siècle par notre inconscience et notre enfoncement dans la priorisation de l’argent sous couvert d’économie, et l’asservissement de nos technologies au financier (laissant la portion congrue au progrès concret partagé pour le bien commun)..

Nous avons donc ouvert une nouvelle ère, l’anthropocène, la première ère de l’histoire de cette planète qui soit générée par l’Homme. L’accélération, l’intensification, la mondialité des dérèglements climatiques, … avec toutes ces catastrophe par l’eau et le feu, sont tels que toutes celles et tous ceux qui tentaient de dénier, faire l’autruche ou les trois singes, n’y peuvent plus mais. Les « soi-disant « dirigeants » au niveau des États qui essayent de contourner, et continuent le suicide collectif sous prétexte d’économie, sont coincés. Des corps sociaux entiers n’ont plus confiance en eux et n’écoutent plus quand « ils expliquent », une nouvelle forme de mouvement du haut rejoignant le mouvement du bas est en train de prendre forme. Aussi allons-nous connaître des « crises » politiques et sociales au moins aussi sévères sinon plus que celles déjà traversées, … et pourtant nous en avons vu !

Les mouvements et démarches se multiplient, qui remettent en cause la conception occidentale de la « maîtrise » par l’homme de cette planète. Occidentale en terme de civilisation, même si Russie, Chine, Indes, Iran et presque tous les autres en ont intégré une large part. Ces démarches donc encore très diverses, dispersées, pas encore connectées. Elles ont en commun de souligner l’importance des liens au sein du vivant, entre tous les états du vivant, et interpellent les conditions de possibilité d’un avenir en commun.

Il ne suffira plus de critiquer, sans trop toucher à son confort, l’Homo œconomicus, partant la pensée unique qui le « porte » (et en réalité de plus en plus au fil du XXème le retour financier d’investissement court terme), mais de comprendre, inventer (réinventer ?), instituer, une nouvelle constellation de valeurs. Le lecteur a compris qu’il s’agit des tissus de coopération entre tous les être qui, sur cette planète (et les autres quand nous nous y rendrons), conditionne les possibilités du vivant, tant nous humains que tous les autres : animaux, plantes, bactéries … et pour celles et ceux qui me connaissent un peu bien au-delà (réalités de tous les existants).

La prochaine constellation de valeurs devrait donc (pourrait ?) être fortement contrastée avec l’homme prométhéen, qui domine la Nature (quel orgueil), certain de sa supériorité. La compétence coopérative de l’humain est aussi présente dans le profil de l’Homme (femmes et hommes) que la loi du plus fort. Compte tenu de nos différences qui pourraient être autant de complémentarités, c’est la conjugaison dynamique des antagonismes et des synergies qui fait sortir des crises et avancer les projets, … SI dans le dépassement. Sinon, ce sont d’abord les surcoûts défensifs puis les chaos. Edgar Morin a déjà évoqué le risque de se retrouver dans une configuration Mad Max (et voyez dans quel état la nature y est représentée). Mais dans nos zones de non-droit nous y sommes presque, alors … !

Evelyne Pieiller rassemble les sources à partir desquelles la nature humaine se définie comme un ensemble de potentialités, … y compris génétiques pour les biologistes d’aujourd’hui.

Déjà Saint-Simon (1760-1825) avait proposé d’appliquer à la société, « corps organisé dont aucun organe ne peut survivre sans les autres (notons bien cela), les lois d’association et de coopération de l’organique (le corps humain). S’en décline la solidarité, d’où les principes de la protection sociale par l’État. Toutes les doxas socio-économiques qui nous tirent en sens contraire entrainent non seulement les humains (dont les tenants aveugles de ces doctrines) mais aussi la Nature, « droit dans le mur ». Cette pensée unique là, trop darwinienne, doit donc être placée au musée comme exemple à ne pas suivre.

Il existe un mouvement de pensée et d’action, identifiable depuis le XIXème siècle (ou alors bien bien bien avant), reformulé par Pierre Kropotkine (1842- 1921) et qui a failli bouleverser dans les années 60-90 les concepts de management tant public que privé après-guerre, mouvement donc proche des recherches d’aujourd’hui, celui de l’autogestion. « Pas de compétition (au sens de la seule loi du plus fort) c’est le mot d’ordre que nous donne le buisson, la forêt, la rivière, l’océan. Unissez-vous ! Pratiquez l’entraide ! »

En dépassement des coopérations importent les interrelations, les complémentarités des marginaux séquents, une tout autre vision  des couteuses oppositions : moi-l’autre-les autres ; rationnel-irrationnel-folie ; individu-groupe-société ; moderne-archaique-ancient ; matérialité-spiritualité-inconscient …

Mais, une question dialectique clé est posée : en quoi le respect de toutes les formes de vie et des interconnexions est-il, concrètement, émancipateur ?

Car la lutte contre l’injustice sociale, contre l’exploitation, contre l’aliénation, disparaît dans la célébration des interrelations .

Dans « Passages vers l’Ère à Venir », je développe ce constat en pointant les dangers des postures « bisounours » et la mode du « positivisme » aveugle.

Dans la forte résonance de ce qui monte, dans la critique sans se lasser (en évitant la mise de côté de toute réalité) de la pensée réduite à matérialiste  … il y a potentiel de dépassement.

Et la Nature en fait nous vient en aide ; l’actuelle pandémie planétaire du coronavirus Covid19 (après les cataclysmes précédents et avant les suivants) pourrait bien nous y contraindre, tous … et pour le coup à égalité (car nous allons tous de l’autre côté à poil sans un centime). Si nos « dirigeants » et leurs marionnettistes ne comprennent pas et ne callent pas, pour leur propre survie au moins, le prochain tsunami sera un peu plus dur, et ainsi de suite. Une étude récente ne montre-t-elle pas que la fonte du permafrost libère des bactéries depuis des lustres gelées endormies ?

Pourquoi ainsi ? Simplement (mais c’est très complexe en soi) car dans la nature, tout est étroitement intriqué, bien au-delà des capacités des « Sapiens ».

Vous avez dit « sapiens » ?

Ce N° du Diplo est le 793. En déclinaison de la science-tradition des Nombres, 793 donne 7 + 9 + 3 = 19 = 1 + 9 = 10 = 0+ 1 = 1. D’aucuns considèrent la lecture des Nombres comme une vaste blague, mais à tord si on se renseigne un peu. En effet la tradition en remonte aux plus anciennes sources orientales et méditerranéennes. Traditions certes gravement dévoyées à notre époque par de trop multiples charlatans qui pratiquent au pied levé sur un coin de table, … lesquels d’ailleurs ont plus conscience de jouer avec des chiffres que de prendre du recul en observant les Nombres. 

Le 1 vient donc là au second degré, mais décliné du 19 soient les Nombres du début et de la fin. Derrière les nombres, les mathématiques, où les sapiens sont loin d’avoir tout mis à jour.

Ce N° du Diplo est bien, à mes yeux, d’une exceptionnelle qualité au travers de tous ses articles.

Michel André Vallée  7 avril 2020

EN ÊTRE OU NE PAS EN ÊTRE … L’ORGUEIL DE LA CASTE QUI SE VOIT « SUPÉRIEURE »

Yanis Varoufakis en avait bien témoigné, aux débuts de l’expérience Tsipras en Grèce (qui a été promptement étouffée par la finance internationale avec la violence que l’on sait).  Lors d’un échange informel autour d’un pot dans un lobby de luxe avec « un qui en est », ledit quidam (de haut niveau) le lui avait expliqué : « vous avez fait une grave erreur en vous faisant élire car on en est ou on n’en est pas, … alors que vous n’en être pas » ; ce qui voulait dire : si vous voulez en être faites ce qu’il faut. Yanis Varoufakis, Conversations entre adultes Dans les coulisses secrètes de l’Europe, LLL (Les Liens qui Libèrent), 2017. Jusqu’à aujourd’hui il ne l’a pas encore fait, … constatons que Diem 25 n’arrive pas à décoller.

C’est ce que l’on retrouve dans le roman autobiographique présenté par François Busnel il y a quelques semaines dans son excellente émission « La Grande Librairie » : Vanessa Springora, Le consentement, Grasset, 2020. En effet, quasiment tout ce qui est « rapporté » dans le roman était exprimé à l’émission, sauf un trait fort.

Celles et ceux qui pratiquent ce type de mœurs se considèrent carrément supérieurs au commun des mortels, et leurs pratiques sexuelles relèvent d’un droit de caste, pour certains même le délire d’une forme d’art, … que tous les autres, qui « n’en sont pas », ne peuvent comprendre. Ou alors s’ils y avaient accès qui feraient cela avec vulgarité, sans élégance, … considération hautaine déniant la violence intrinsèque de leurs actes qui impactent leurs victimes à vie !

En conséquence en regard de ces manants et autres , discrétion, résidence à part sécurisées, omerta.

Il est loin le temps où un Gilles de Rais, compagnon d’armes par ailleurs de Jeanne d’Arc, était convaincu de ses crimes et condamné au supplice. Il est vrai que lui faisait exécuter ses jeunes victimes.

La population des « qui en sont » est tant impliquée (pas toutes et tous mais quand même) dans ces abus, que la mise en transparence des systèmes de pédophilie n’est pas pour demain.

Michel Onfray, qui présente aussi par ailleurs quelques failles (philosophiques), est dans le juste quand il pointe clairement la valorisation outrancière et absurde du divin marquis (de Sade) dans certains milieux intellectuels qui en France pendant plusieurs décennies ont tenu le haut du pavé.

Et, plus largement, l’abus sur les enfants touche par un autre biais des tranches bien plus vaste de population, avec l’inceste, oh combien répandu quoiqu’on en dénie, comme le mouvement d’orientation jungienne (et quelques autres) l’ont si nettement démonté ; là aussi, impact à vie sur les victimes.

Là, ce n’est pas « hors sol », c’est « hors éthique ». Encore beaucoup de travail.

Michel André Vallée              3 avril 2020

VERTUS DE LA FRUSTRATION … apprentissage de la vie

La nature résiste souvent. La progression dans la nature sauvage est laborieuse, et dans la nature domestiquée peut-être épuisante, sauf contexte privilégié (exemple goûter de se balader dans une belle forêt de haute futaie). Le travail de la pierre est difficile, celui du bois aussi, etc, et même la projection de son art sur une matière qui résiste demande attention, effort soutenu, avec risques de casse, d’erreurs, voire de se blesser. Le diagnostic et les  soins d’un malade sont chose toujours délicate, à ne jamais assurer au pied levé, celui d’une situation de travail à ne jamais assurer au doigt mouillé, et peuvent réserver tant de surprises.

La vie, la vie de tous les jours comme des jours exceptionnels, n’est JAMAIS donnée à l’avance, garantie, totalement « sécurisée ».

Or notre corps et notre êtres sont corps et être de désirs, de souhaits, d’envies, … et le chemin de la facilité, du plaisir, de l’aisance, du non-effort, est celui que la majorité des humains attendent, veulent trouver ?

Il n’en a pas toujours été ainsi. C’est pour la première fois depuis il semble bien très très longtemps que les populations de l’Occident vivent la paix plus de 70 ans, soit plus de deux générations. Alors que tout autour guerres et privations n’ont cessées !

Mais dans la plus grande part de l’Europe occidentale, c’est apparemment fini (si on met un peu de côté la dictature franquiste malgré le tourisme de masse). Et nos grands-parents puis et/ou nos parents se sont précipités, dés les restrictions passées, de dire : « plus jamais cela ». Et ils ont payé le prix (y compris d’éthique quand ils ont joué aux trois singes) pour cela. Avec la relance boostée par la reconstruction, cela a donné « Les trente glorieuses », et les générations qui y sont nées n’ont rien connu des privations, des frustrations élémentaires, tant les parents ont assurés le culte de « l’enfant roi ». Avoir tout là tout de suite !?! Il ne faut surtout pas leur apprendre, avec la rigueur nécessaire selon les tempéraments (si divers), les règles utiles à apprendre leur autonomie, à ces pauvres petits !

Et là réside, sauf pour une minorité qui a entretenu le sens et si possible le goût de l’effort, une des erreurs de fond de notre société, le déni de la frustration. Sauf les opiums doux des psychologies du bien-être permanent, toutes les écoles de psychologie et sociologie de qualité scientifique ont depuis des siècles démontrés l’utilité pédagogique des expériences répétées au fil de l’éducation, ce dés le plus jeune âge, de la frustration. En compléments des expériences de frustration, bien entendu celles de la reconnaissance et de la récompense des efforts pour la dépasser,…Chaque âge en nécessite l’expérimentation, du doudou compensation de l’absence de la mère (ou du père) à l’abstinence sexuelle (dans le cadre de l’apprentissage de la formation des liens sexuels), à l’adaptation-négociation à l’autorité lors des entrées dans les responsabilités adultes.

C’est par ces expériences, qui devraient être apprentissages, que l’on apprend « les choses de la vie ».

Aussi pour beaucoup, malheureusement, « les Trente glorieuses » ont été, collectivement inconsciemment, « les trente piteuses ». C’était bien plus dur et difficile ailleurs …, bof, la médecine des trois singes fonctionne, … et n’y-a-t-il pas dans les revues et à la télé l’exemple de « l’american way of life », … quand même !

Avec des orientations dépravées des NTICs (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication), les choses se sont aggravées, puisque l’éducation est devenue de plus en plus virtuelle, les « clouds » assurant l’accès « en un clic » aux connaissances, aux mémoires, sans les efforts pourtant indispensables à l’entretien permanent du cerveau . Soit plusieurs centaines par minute parmi le milliard de neurones et les deux milliards d’astrocytes qui les accompagnent. Au moins deux générations en dégradation pour une forte majorité des sujets.

Arrive la pandémie du coronavirus Covid-19, qui surprend tous les systèmes de notre civilisation, et mène, vaille que vaille, avec diverses stratégies (si on peut appeler certaines ainsi) plus ou moins adaptées, … au confinement de la moitié des populations de cette planète début avril 2020 !

Ce Covid-19 tue effectivement quelques milliers de personnes, dont acte, mais combien dans les autres conflits en cours liés au pétrole, à la drogue, aux religions, ….

Mais, il apporte à toutes et tous, sans distinction, la même expérience de la frustration, … indispensable et qui a manqué.

Aussi il appartient à toutes celles et ceux conscients de cette réalité, tant psychologique que logistique… et jusqu’à géopolitique, … d’être en appui vers toutes celles et ceux qui n’en sont pas encore conscients. Mais de l’assurer avec fermeté, « vers le haut », pour le bien généreux de chacun et de tous.

La nature, la réalité … résistent.

Michel André Vallée  1er avril 2020