La nature résiste souvent. La progression dans la nature sauvage est laborieuse, et dans la nature domestiquée peut-être épuisante, sauf contexte privilégié (exemple goûter de se balader dans une belle forêt de haute futaie). Le travail de la pierre est difficile, celui du bois aussi, etc, et même la projection de son art sur une matière qui résiste demande attention, effort soutenu, avec risques de casse, d’erreurs, voire de se blesser. Le diagnostic et les soins d’un malade sont chose toujours délicate, à ne jamais assurer au pied levé, celui d’une situation de travail à ne jamais assurer au doigt mouillé, et peuvent réserver tant de surprises.
La vie, la vie de tous les jours comme des jours exceptionnels, n’est JAMAIS donnée à l’avance, garantie, totalement « sécurisée ».
Or notre corps et notre êtres sont corps et être de désirs, de souhaits, d’envies, … et le chemin de la facilité, du plaisir, de l’aisance, du non-effort, est celui que la majorité des humains attendent, veulent trouver ?
Il n’en a pas toujours été ainsi. C’est pour la première fois depuis il semble bien très très longtemps que les populations de l’Occident vivent la paix plus de 70 ans, soit plus de deux générations. Alors que tout autour guerres et privations n’ont cessées !
Mais dans la plus grande part de l’Europe occidentale, c’est apparemment fini (si on met un peu de côté la dictature franquiste malgré le tourisme de masse). Et nos grands-parents puis et/ou nos parents se sont précipités, dés les restrictions passées, de dire : « plus jamais cela ». Et ils ont payé le prix (y compris d’éthique quand ils ont joué aux trois singes) pour cela. Avec la relance boostée par la reconstruction, cela a donné « Les trente glorieuses », et les générations qui y sont nées n’ont rien connu des privations, des frustrations élémentaires, tant les parents ont assurés le culte de « l’enfant roi ». Avoir tout là tout de suite !?! Il ne faut surtout pas leur apprendre, avec la rigueur nécessaire selon les tempéraments (si divers), les règles utiles à apprendre leur autonomie, à ces pauvres petits !
Et là réside, sauf pour une minorité qui a entretenu le sens et si possible le goût de l’effort, une des erreurs de fond de notre société, le déni de la frustration. Sauf les opiums doux des psychologies du bien-être permanent, toutes les écoles de psychologie et sociologie de qualité scientifique ont depuis des siècles démontrés l’utilité pédagogique des expériences répétées au fil de l’éducation, ce dés le plus jeune âge, de la frustration. En compléments des expériences de frustration, bien entendu celles de la reconnaissance et de la récompense des efforts pour la dépasser,…Chaque âge en nécessite l’expérimentation, du doudou compensation de l’absence de la mère (ou du père) à l’abstinence sexuelle (dans le cadre de l’apprentissage de la formation des liens sexuels), à l’adaptation-négociation à l’autorité lors des entrées dans les responsabilités adultes.
C’est par ces expériences, qui devraient être apprentissages, que l’on apprend « les choses de la vie ».
Aussi pour beaucoup, malheureusement, « les Trente glorieuses » ont été, collectivement inconsciemment, « les trente piteuses ». C’était bien plus dur et difficile ailleurs …, bof, la médecine des trois singes fonctionne, … et n’y-a-t-il pas dans les revues et à la télé l’exemple de « l’american way of life », … quand même !
Avec des orientations dépravées des NTICs (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication), les choses se sont aggravées, puisque l’éducation est devenue de plus en plus virtuelle, les « clouds » assurant l’accès « en un clic » aux connaissances, aux mémoires, sans les efforts pourtant indispensables à l’entretien permanent du cerveau . Soit plusieurs centaines par minute parmi le milliard de neurones et les deux milliards d’astrocytes qui les accompagnent. Au moins deux générations en dégradation pour une forte majorité des sujets.
Arrive la pandémie du coronavirus Covid-19, qui surprend tous les systèmes de notre civilisation, et mène, vaille que vaille, avec diverses stratégies (si on peut appeler certaines ainsi) plus ou moins adaptées, … au confinement de la moitié des populations de cette planète début avril 2020 !
Ce Covid-19 tue effectivement quelques milliers de personnes, dont acte, mais combien dans les autres conflits en cours liés au pétrole, à la drogue, aux religions, ….
Mais, il apporte à toutes et tous, sans distinction, la même expérience de la frustration, … indispensable et qui a manqué.
Aussi il appartient à toutes celles et ceux conscients de cette réalité, tant psychologique que logistique… et jusqu’à géopolitique, … d’être en appui vers toutes celles et ceux qui n’en sont pas encore conscients. Mais de l’assurer avec fermeté, « vers le haut », pour le bien généreux de chacun et de tous.
La nature, la réalité … résistent.
Michel André Vallée 1er avril 2020