CATALUNYA, POUR QUEL PROJET ET PROGRAMME ?

Les constats de fond de l’attitude espagnole sont multiples. Outre le traitement des prisonniers politiques en contradiction flagrante avec les règles internationales et l’acharnement juridictionnel envers les exilés, ce sont sur le terrain du Sud plus de 3300 personnes qui sous des prétextes divers sont harcelées depuis la déclaration d’indépendance d’octobre 2017.
Parmi ces multiples constats, j’en retiens trois suffisants, directement ou indirectement, à l’analyse :

  • les tanks inutiles en Espagne mais investis pour les fournir aux Pays baltes (qui continuent à redouter à tort la Russie) contre leur non-reconnaissance de la Catalogne,
  • le fait que la démarche de jugement des prisonniers politiques n’ait été applaudie que par un dictateur, Erdogan, … mais qui dirige actuellement un Pays membre de l’OTAN !
  • la participation des dirigeants du PSOE, Parti social-démocrate en Espagne, à la table d’organisation de la répression du 155.

C’est l’affirmation sans équivoque, depuis fin 2017 donc, qu’aucune négociation aurait pu et ne peut être même pensée. Les conditions d’une négociation n’existent pas, dont son intérêt pour une raison ou une autre dans l’esprit des deux parties, à tel point que toutes les recommandations extérieures montant jusqu’au niveau de l’ONU n’y ont fait mais … Et ne même pas y penser est bien sans appel du côté espagnol, depuis octobre 2017 (et en fait à l’évidence dès la montée en maturité du mouvement indépendantiste).
La progression des votes pour les Partis indépendantistes en Catalogne du Sud jusqu’à 52 %, malgré l’abstention mais en cohérence avec les sondages des semaines précédentes dont certains ont donné jusqu’à 56 %, confirme par le peuple que le verdict d’octobre 2019 a bien été le Tchernobyl de l’Espagne, comme Vicent Partal l’a pointé dans un éditorial de Vilaweb d’alors, et comme nous l’avons évoqué ici au Comité de solidarité de Catalunya Nord. Le peuple ne s’illusionne pas sur le colonialisme de l’Espagne envers la Catalogne, … et il est facile de voir que le système gouvernemental espagnol est en voie de dégradation. Jusqu’au verdict, il restait encore possible de considérer que l’Espagne ne voyait pas que la Catalogne indépendante pourrait être son meilleur allié en Europe. Ce scénario est définitivement exclu, confirmé par les vagues incessantes de répression.
La seule suite pertinente à l’action, en accord avec ce qu’a été contraint de démontrer Vicent, est la lutte frontale, la mise en œuvre unilatérale de l’indépendance.
Et c’est un ex-médiateur social professionnel, ayant l’expérience répétée d’accompagnement de situations difficiles et complexes, qui écrit cela.
Il m’a été pointé que dire cela est facile de ce côté-ci de la frontière (actuelle), au Nord, … mais dans cette vie-ci jusqu’à 76 ans, j’ai beaucoup donné et pris des risques, souvent, en ai assumé les conséquences, donc suis en droit de me le permettre.
Plusieurs acteurs disent depuis l’accord de ces derniers jours passé entre ERC et Junts « nous avons un accord », … NON, ce n’est qu’un arrangement « prim » pour éviter de nouvelles élections à l’évidence inutiles ; en catalan « prim » veut dire mince, maigre …
Cette mise en évidence du seul scénario possible étant posée, malheureusement plus que de besoin, … reconnaissons qu’un trait a profondément troublé après l’ 1-O. Nous n’étions pas prêts, à l’inverse de ce que plusieurs « responsables » affirmaient à la tribune en plénière de l’Universitat Catalana d’Estiu à Prades l’été précédent ! Ceux-là l’ont affirmé en plénière alors qu’Elisenda Paluzie, Présidente de l’Assemblea, avait du se contenter en fin de journée d’une salle de cours, mais bondée et du fait élargie à deux salles ; et cette dernière y avait justement développée avec réalisme les stratégies utiles.Ce constat pose question, malgré une culture de haut niveau si riche  partagée à tous niveaux ?
Si le chemin est celui de la lutte frontale, il est indispensable de savoir pour quoi. 
Il est indécent de jouer avec l’espoir des peuples., … mais il est nécessaire d’amener les conditions concrètes des négociations entre eux (car les peuples sont différents), et sinon … Il n’est pas légitime d’envoyer les gens au front comme des Marie-Jeanne (les soldats des premières lignes sacrifiés des guerres d’anciens régimes (anciens … ?).
La Catalogne ne peut être seule, elle a besoin d’alliés solides, sur un projet global de société. En Europe et au-delà, même si on ne compte plus les petits États, les Régions, les juridictions, les entités, qui appuient son processus d’indépendance ; l’UE en soi a manifesté, par son silence, son retrait de fait, évidemment du fait du poids des États français et espagnols.
Vicent Partal dans son éditorial « taulers » évoque l’hypothèse, quand l’Écosse vise l’UE, du nouveau Réseau mondial où s’inscrirait par exemple la Suisse, la Grande-Bretagne … À étudier, auquel cas cette UE n’aura plus que ses larmes pour gémir quand l’indépendance sera effective.
Quels alliés solides à l’extérieur, soit pour quel projet, projet de société, partant de gouvernement, au-delà de l’engagement dans l’avènement de la République indépendante, … au-delà de la seule communication politique.


Michel André Vallée, … prise de parole le 20 mai 2021, à l’hora solidaria.

I’INCONTOURNABLE GUERRE

Toutes et tous s’accordent qu’il conviendrait d’appeler « un chat … « un chat », soit voir et dire les réalités d’ici et maintenant telles qu’elles sont.
Hormis les « médias à la botte », que quasiment toutes et tous ont depuis longtemps identifiées, il est début 2021 couramment reçu que nous sommes (toute cette planète) depuis la fin du XXè siècle engagés dans un processus complexe de mutation de civilisations.

Certes la Chine va achever d’ici peu le dépassement de ses humiliations par l’Occident au XIXè (siècle), et ne peut qu’être reconnue première puissance mondiale ( ce qu’elle est en fondements déjà). Mais, à moyen terme, son « système » de contrôle de la société ne pourra durer tel, … ne serait-ce que parce que les jeunes générations se sentent moins concernées que leurs ainées par l’histoire passée toute la durée du XXè siècle..

Certes l’islamisme radical va continuer quelques temps de séduire des populations que l’on aura pris soin d’éloigner d’une culture générale correcte des histoires de cette planète, et l’un ou l’autre « Consul » vont encore tenter de jouer le rôle du Sauveur, mais l’évolution des technologies est si rapide que plus aucun contrôle dictatorial ne demeure durablement possible. Nasser a échoué (ce n’était pourtant pas un mauvais bougre), Erdogan échouera (celui-la n’arrive pas à la semelle de Nasser).

Un Biden qui a eu l’intelligence stratégique de replacer en deuxième cercle les mouvements progressistes de son Parti et ainsi obtenu la confiance des électeurs des States afin d’engager ensuite un New Deal version 2021, joue très gros en escomptant repositionner les rapports de force planétaires. Il peut obtenir des résultats temporaires en sortant de l’absurde « pensée unique » TINA » (le there is no alternative de Thatcher et Reagan)), … mais il est trop tard, les manettes ne reviendront plus aux seuls USA (même si le dollar US perdure un peu).

Quand à l’Europe, tristes nous sommes toutes celles et ceux qui, conscients des acquis terribles de l’histoire, y ont crus. Les structures dominantes, au fond avec du recul sur le temps, ont en fait toujours été « hors sol » soit décalées de leurs peuples et ont sabotées l’élan magnifique d’après-guerre. Les mentors d’éthique ont été, avec toutes leurs énergies, mais rien n’y a fait. Le couple tracteur franco-allemand, qui avait entraîné toutes les autres cultures, est en train de se délier ; … les lobbyes des multinationales l’ont emporté, … ce qui disqualifie Bruxelles aux yeux « des peuples ». De partout, on ne peut que sourire avec condescendance des gestes bisounours et minimalistes de ce semblant d’Europe, encore trop « couchée » sous les States, … paralysée par des règles absurdes telle l’unanimité des voix des États pour les engagements importants.

Il va lui falloir encore plusieurs crises violentes (car les rapaces cupides s’accrochent), avant qu’Europe ne prenne sa place, de l’Atlantique à l’Oural, … Alors la menace des intégrismes du Sud passera dans l’histoire, … mais que de sang et de larmes d’ici là !

Les deux continents du Sud, Afrique et Amérique latine, montent droit vers leurs identités spécifiques. Mais au travers de quelles séries de violences, de dictatures alternatives plus ou moins masquées, des effets de résidus d’exploitations ! Les ex-dominants du Nord seront surpris quand ces identités s’exprimeront ouvertement. La nouvelle DG de l’OMC est une femme nigériane (d’une pierre deux coups), elle est loin d’être seule aux manettes.

À court voire moyen terme, presque toutes les « démocraties » traversent des crises de fracturations internes profondes, dépourvues de logiques de critères suffisamment partagées, qui laissent présager des états de guerre civile. Appels à la désobéissance civile « non-violente » contre réactions de « zéro tolérance », toutes deux contre les outrances de populations de fait hors état de droit.

Tout cela imprégnera-t-il dans nos sociétés un peu de sagesse à temps avant que la destruction « non-stoppée où à la marge » des écosystèmes de notre Terre ne soit devenue inéluctable ? Ceux qui critiquent avec condescendance la jeune autiste (en l’occurrence surdouée) Greta nous font tristement sourire. La densité en CO2 enregistrée en altitude à Hawaï continue de grimper et nous ramène 15 millions d’années en arrière. Une partie importante de cette planète ne sera plus vivable avant la fin de ce siècle.

En l’état des « paliers » de conscience moyens des populations ( tristes résultats en partie des « efforts » d’éducation insuffisants de nos « gouvernements »), la confrontation aux enjeux apparents par trop de médias à la botte (qui ne méritent plus la qualification de « journalistes »), les appels au conflit guerrier sont omniprésents.
En effet, de nouveau, Est – Russie / Ouest – « Occidentaux » au plan européen (Pologne et Baltes et Ukrainiens et Biélorusses s’y activent) ; au Moyen-Orient (poudrière encore brulante) Iran et Israël et Arabie Saoudite et Turquie … et les autres; plus à l’Est, Chine face à Taïwan et au Japon et quelques autres Nations.
Pardon de ne pas toutes les évoquer. Les déclencheurs partiront de n’importe où . Le vrai seul problème premier « reçu » de celles et ceux « qui en sont » est la surpopulation mondiale. Les pandémies ne vont pas « suffire » à « faire le job ». Et là, « ceux qui en sont » sont prêts à tout, … sous-prétexte de bonne compréhension des vrais enjeux entre initiés. Juste ensuite, la projection de voir se rapprocher le délitement des privilèges.

À certains qui pourraient réagir en mode « pensée unique de gouvernance » en pointant dans ces propos une attitude complotiste, … recommandons la lecture dans Le Monde diplomatique N° 735 de Juin 2015 de l’excellent dossier sous la direction de Fréderic Lordon « Vous avez dit complot ? ». Ce dossier démonte ce procès d’intention trop facile.

Certes, les initiatives « autrement » depuis ces dernière décennies se multiplient, et présentent déjà des résultats encourageants, dont en terme socio-économique. MAIS les castes qui se considèrent, où que ce soit sur cette planète, « au-dessus des masses » ne peuvent les considérer, ni avec humilité en tirer enseignements, expérimenter et généraliser.

Aussi, terriblement, OUI, une guerre de dimension mondiale ou plusieurs guerres terriblement dévastatrices simultanément, semblent incontournables. La guerre a toujours été une « solution » dure mais mentalement facile depuis des millénaires pour l’engeance des humains, toujours sous prétexte de « meilleur ».
En théories des conflits, on parle d’abord « tensions », antagonistes et synergiques, selon des dynamiques complémentaires. En l’état cela fait longtemps un peu partout que les simples tensions sont dépassées, et les négociations engagées pour la plupart inopérantes voire irrecevables.
Là, en mai 2021, la guerre est et peut se déployer partout sur cette planète, n’importe où !

Michel André Vallée 5 mai 2021