Le Krondraai est un massif au panorama doux, stable au travers des âges, situé à une cinquantaine de kms de Johannesburg, en Afrique du Sud, au cœur d’une large zone d’intenses recherches archéologiques. Là, le paléoanthropologue français José Braga et son équipe de chercheurs ont découvert bien plus que le fameux « chainon manquant » des années 70, la mise en évidence scientifique des filières d’humanoïdes entre le temps des Australopithèques et celui des Homos, soit la plage jusqu’alors encore masquée (je préfère à « noire ») entre 2 et 3 millions d’ans en arrière !
C’était hier soir 25 novembre 2021 sur France 5, un documentaire de cette année. Récit du travail pour mettre (remettre) à jour les ossements de deux enfants côte à côte, l’un humain, l’autre paranthrope, soit notre hominidé le plus proche, la datation donnant de l’ordre de 2,5 millions d’années ; les récents ancêtres de – 15000, puis – 45000, etc, semblent maintenant bien plus proches, … Que dire alors de nos civilisations successives (notamment quand la notre actuelle est en mutation dans sa première phase de dégradations) !
Ce processus de découvertes va se poursuivre, grâce notamment aux comparaisons de sites dans leurs histoires en géologie ; remarquable ! Mais aussi en utilisant les plus récentes techniques d’analyses et de recomposition d’images : le futur contribue à éclairer le passé, … Nos absurdités monstrueuses actuelles (par ex en santé et en regard du climatique) n’ échapperont pa à cet éclairement. Nous sortons encore plus des hypothèses et doutes sur les origines de l’humanité ; de même plus tard (même si cela s’avérera trop tard pour nous) serons mis à jour les preuves de nos magistrales erreurs civilisationnelles.
Ne parlons même pas des enjeux politiques locaux, … minimicro moments.
Vraiment, revoir, replay. Aussi, pour ne pas répéter moins bien qu’eux les considérations de ces équipes et scientifique, et de la « communauté » d’habitude si chatouilleuse mais qui ne peut que valider et encourager à suivre, quelques remarques.
José Braga s’est obstiné, au terme de l’observation attentive des sites, sur l’investissement des recherches, … LÀ. Il en a eu l’intime intuition et conviction. Cette intuition, elle n’est pas venu comme cela, au débotté, sans effort, … mais bien entendu au terme d’une longue formation pluridisciplinaire, du recoupement éclairé de champs de données et pratiques de recherches, … complémentaires. Éloge du temps long, … mais aussi des réelles compétences, soit du mérite, partant de la méritocratie, … Foin des modes faussement égalitaristes qui mènent « vers le bas », au lieu de choisir le «vers le haut » au service de tous.
Et quand une des membres de l’équipe, œuvrant avec précaution dans l’humilité de l’esprit de cette recherche, s’est trouvée à l’approche d’une pièce clé, il l’a laissée continuer elle même, MAIS sous sa présence et son conseil, pour finalement lui en laisser-reconnaître la « paternité ».
La mise en évidence du caractère « humain » de l’un des ensembles d’ossements ne s’avère pertinente que parcequ’il s’agit de petits enfants et de bébés, ET de l’impact de la façon dont les « petits » ont été élevés et nourris. Témoin donc de l’importance de la créativité de ces humains, du fait même de la réalité de l’épigénétique (quoique encore contestée par divers conservateurs ?). Les passations de paliers dans l’évolution ne peuvent que fortement dépendre de ces traits d’innovation dans l’environnement, qui ne seront qu’ensuite reproduit quasi-systématiquement par les ADN et leurs relais ARN. Notre monde étant désormais multipolaire, les avancées dans une zone bloquées par un système politique donné, ressortiront naturellement ailleurs, … puisque telle est la réalité qui d’une façon ou autre toujours est révélée un jour. Tant pis pour les retards pris par l’humanité, … puisque « après nous le déluge »., « profitons ».
La progression non vers le paranthrope mais vers l’humain n’est pas une question de grandeur de la boîte crânienne, partant du cerveau. Ce n ‘est pas la taille du cerveau qui fait la différence ! Tout un pan d’orgueil fondé sur l’apparence qui s’effondre ! Constat en cohérence avec la mise en évidence en neurosciences que ce sont la multiplication et complexité des systèmes, à nos yeux infiniment petits, qui comptent. Plusieurs milliards de cellules selon des connexions quasi-infiniment complexes et en permanence en adaptations, ouvrent les capacités d’évolutions. Même réalité qu’en physique la complexité dans l’infiniment petit du quantique. Osons alors affirmer que les passerelles avec les fondements en physiques subtiles, en lien avec la prise en compte des synchronicités, etc, vont devenir viaducs avec de prochaines découvertes. Ce n’est pas le corpusculaire qui meut, c’est le vibratoire.
Les lumières venant du Krondraai continuent à éclairer les ombres, après et avec tant d’autres de l’infiniment grand à l’infiniment petit, du plus ancien au plus prospectif, … soit en ne regardant par du mauvais bout de la lorgnette, en ne se limitant pas à l’apparence du confort de l’immédiat, en tenant compte de toutes les connaissances disponibles et toujours dans le doute critique envers toute pensée unique, là ici et maintenant mais au sein du temps long, en ne surestimant pas notre petite personne. Peut-être joyeux de découvertes de cette qualité.
Cerveau humain, prospective à partir d’aujourd’hui ? Lisez « Face à ecaf avec son cerveau », de Stanislas Dehaene.
Michel André Vallée 26 novembre 2021