Ce matin, sur une chaine radio de la doxa actuellement dominante (que je ne nomme pas tant le danger dans notre système de plus en plus américanisé est de se retrouver judiciarisé), tristesse d’entendre à une heure de forte écoute un éditorialiste présenté comme « de haut niveau », un « sachant » reconnu d’aujourd’hui, développer une attaque (au-delà bien plus violente qu’une simple critique) du « si « beau poème de R. Kipling : « Si., « .
L’attaque : L’intégralité de ce texte, tous ses éléments, sont discriminants, démotivant pour les jeunes, … pourquoi ? En effet tous incite à œuvrer, s’engager « vers le haut ». Partant nuisibles pour « ces pauvres petits », enfants-rois, auquel il ne faut surtout pas demander d’efforts.
Bien entendu, si l’éducateur, l’enseignant, le parent qui assume son rôle de parent, note avec justesse (donc justice) de 0 à 20, il donne des repères sur une échelle pour progresser. Mais si par malheur le « maître » ramène tout le monde à 3 ou 5 sur 20, et que tous s’en félicitent, alors l’enfant ou l’adolescent introjecte cette évaluation, adoubement, de la façon dont il a travaillé, même pas travaillé, accepté de répondre à une demande exprimée sans aucune autorité qui puisse lui donner un cadrage aidant.
« Si…, », de Kipling, place certes sur tous les traits des choses de la vie la barre au maximum. Scandale, élitisme d’un occidental d’un temps révolu et qu’il convient d’effacer.
Alors que « Si » propose au jeune, à son fils, ou sa fille selon, d’aller « vers le haut », de mobiliser ses ressources pour donner, quoiqu’il arrive, le meilleur de lui-même.Sur ce chemin ouvert sont de nombreux paliers, sur lesquels chacun a sa place selon sa nature, son essence, ses capacités, ses handicaps, ses forces.
Celle ou celui qui peuvent être le plus heureux sont celui ou celle qui a été motivé pour réaliser l’optimal de ce qu’il porte, condition pour apporter à la société dont il participe sa juste part. C’est une question de mérite, de réaliser ce que chacune, chacun, détient en réserve, et d’atteindre la joie, … vécu intime psychosomatique qu’il est possible de partager avec ses proches.
Ce n’est pas là une question de blanc, hétérosexuel, privilégié, et que sais-le ? Car j’ai rencontré et œuvré avec des femmes et des hommes de toutes couleurs (oui, toutes les couleurs de peau présentes sur cette Terre) et de toutes origines sociales ; de celles et ceux qui tendent au meilleur, y aspirent, il en existe partout. Le devoir des parents, éducateurs, instituteurs, est de les accompagner au mieux, quelque soit leur potentiel, … et non de contribuer à l’ignoble gaspillage humain et social des politiques de lissage « en bas ».
Le paradigme suicidaire des politiques « par le bas » (qui suppose bien entendu pour une fausse élite de se ménager la facilité de manipuler), … nous sommes plus nombreux qu’il n’y parait à ne pas en vouloir (I’am not the only one); cette doxa de dégradation est une erreur civilisationnelle à éradiquer (même si cela prendra un peu de temps).
HAUTS LES CŒURS
Michel André Vallée 30 novembre 2011