Bien entendu ce titre paraphrase « Il y a quelque chose de pourri au royaume de Danemark ». D’autant que le Danemark, et en fait l’ensemble des Pays de la zone Nor (Islande comprise du côté de l’Europe et non du côté américain), devrait être exemplaire à la plupart des autres Pays de l’Europe (celle qui va de l’Atlantique à l’Oural).
Mais entrons dans le sujet.
Lire le dernier livre de John Le Carré (David John Moore Cornwell qui nous a quitté en 2020), « L’espion qui aimait les livres », dont la relecture et la publication récente post-mortem a été prise en charge par son fils Nick Cornwell, au Seuil en langue française. Un chef d’œuvre, une fois de plus significatif de notre temps.
Chacun sait que, après des Joseph Conrad puis quelques autres en langue anglaise, et des Gilles Perrault complétés au plan technique par des Éric Denécé en langue française, l’œuvre de John Le Carré correspond à un cours complet sur le Renseignement, jusqu’à ce que les hommes soient partiellement mis de côté par le numérique, … mais il paraît que les humains (les femmes et les hommes) s’avèrent en fait quand même irremplaçables en la matière.
Dans cet ultime roman, ce grand écrivain qui utilisait cet art pour faire savoir hors censure (hormis la sienne propre) ce qu’il autrement n’aurait pas été possible de pointer (par exemple les « actes » de groupes pharmaceutiques), … nous passe en fait un message géopolitique, en même temps qu’une alerte sur l’état de dégradation (et d’abandon type « pour demain le déluge ») d’une partie de nos « élites ».
Le message géopolitique : l’état d’imprégnation, par une partie de ce que l’on appelle de nos jours Occident (car le Japon et la Nouvelle-Zélande n’en semblent pas concernés, l’Australie je ne sais pas), par la « modernité» (car l’esclavagisme en Afrique remonte à bien avant la « Traite » par les européens et américains) de l’idéologie pro-islamique.
Et ce, en partie (mais en partie seulement) en conséquences de nombre de nos actes effectivement inadmissibles, erreurs stratégiques trop primaires, tant collectives qu’individuelles. Le tout incrusté d’une naïveté qui n’a pas tenu compte des pourtant multiples enseignements de l’histoire (politiques intérieures soi-disant oblige), et de l’actuel bisounourisme bien-pensant au chaud de nos conforts (attention, ils ne sont que temporaires).
L’article publié cette semaine dans Le Figaro par l’ex-dirigeant de la DGSE en valide bien, au moins pour la France sinon l’Europe et au-delà, le caractère prioritaire. Si cet homme, un des plus au fait des réalités en toutes matières, a décidé cette publication ainsi, … c’est que nous avons atteint à l’évidence la limite peut-être encore tout juste gérable , avant irréversibilités, … devant alors payer l’intégralité des surcoûts tant culturels que sociaux et économiques et de sécurités (internes et à l’international).
Dégradation d’une partie de nos élites : les inutiles et dangereuses guéguerres intestines (apparemment orientées politiques) qui polluent nombre de nos structures de direction soi-disantes supérieures, dans ce cadre de la pensée unique soi-disante « mondialisée » (pointée par tant d’auteurs en tant d’endroits y compris le dernier de mes essais publié sur le blog).
Un des traits dominants étant manifestement la perte du sens de nos identités et valeurs, partant des repères collectifs de l’orientation et de l’action. Un exemple si ancien qu’il reste peu de risque à le citer, pris dans les derniers chapitres du livre de Le Carré : la confirmation (si besoin en était) de qui a décidé de l’assassinat du ministre iranien Mossadegh, privant ainsi l’Occident d’un si utile allié « réel » (mais qui réduisait les marges des pétroliers !). Et tant d’autres traits plus récents à qui sait lire.
Mais le royaume (en fait l’Empire) d’Occident, qui le tient en courte ou longue laisse, quel État ?
Et transversal à une partie des castes de cet État (qui a acquis cette position avec les deux guerres mondiales du XXème siècle) et à plusieurs castes alliées de »ceux qui en sont » en Europe, quels marionnettistes des arrivistes actuels qui se croient tenir le pouvoir ?
Ce Pays qui s’est introjecté la « mission » quasi-divine de diriger cette planète, mais ne donne surtout pas l’exemple en faisant tout assurer et subir durement par d’autres hors de son territoire.
Le temps des exécutions massives par drones est à la fois venu, mais « trop tard », car, si les failles et fractures se multiplient chez nous au point que s’en est devenu insupportable (trop) aux populations d’Europe, les fractures sont encore plus visibles à toutes et tous là-bas.
Le constat qu’il s’en manifeste (au propre et au figuré) aussi en Iran, en Chine, en Russie, en Afriques … bienvenues mais qui ne vont pas empêcher la chute de notre si triste château de cartes.
Il y a trop de pourri dans le royaume d’Occident. Cela ne peut durer certes, mais nous paierons tous, soit une double peine (l’effort des investissements dans l’erreur, puis le surcoût des réparations), au moral et culturel, au social, à l’économique, en santé …
Hauts les cœurs !
Michel André Vallée 11 décembre 2022, peu avant Noël.